mardi 8 juillet 2014

L'accident

Tous les matins le même trajet. Inlassablement : le paysage est plutôt joli.
Ce matin là, le trajet fut différent, des conditions de route différentes, un revêtement provisoire fait de gravillons posé la veille. Des panneaux indiquaient qu’il ne fallait pas rouler à plus de 70km/h : difficile de rouler plus vite dans ces petites routes jolies mais tortueuses, marais obligeant.
Et puis le virage, tu ne te méfies pas, c’est ta route de chaque jour, tu es ailleurs aussi, la tête un peu trop remplie de micro-soucis qui, cumulés, finissent par te chagriner un peu trop, tu freines avant le virage, à l’endroit où tu as l’habitude de freiner habituellement mais tu as oublié les trop nombreux gravillons.
La route est glissante, le coup de frein ne pardonne pas, ta voiture part, d’abord surprise, tu commences à avoir peur, tu réalises que tu ne contrôles plus rien.
Gauche, droite, gauche, droite, braquer, contrebraquer, braquer, contrebraquer.
Tu cries.
Tu vois cette maison, tu vois ce fossé, tu vois le marais plus loin.
Tu penses à tes enfants, tu penses à ton mari, tu penses qu’ils sont encore à la maison tranquillement loin de s’imaginer ce qu’il se passe.
Pendant ces deux-cent mètres où la voiture est hors-contrôle, tu as tout ce temps pour voir ta vie défiler, tu as peur, tu n’as plus le contrôle de rien.
La voiture finit sa course dans ce pignon de maison, tu te rappelles avoir pensé que la petite haie d’arbustes amortirait le choc.
Tu cognes, la voiture rebondit, fait un tête à queue, ça s’arrête là.
Tu ouvres les yeux, tu trembles, tu pleures.
Tu prends ton portable sans savoir qui appeler.
Des gens s’arrêtent. Des collègues s’arrêtent.
Et ton cauchemar s’est arrêté aussi, tu es là, les pieds bien sur terre.

Une cervicale déplacée, un bon mal de cou le lendemain, un mal de poitrine les jours suivants et une pauvre égratignure sur le pied.
Ce cauchemar a certainement fait place à un petit miracle.
En fin d’après-midi, tu as été récupérer tes enfants mine de rien, rien n’avait changé à part cette voiture provisoire qui les a amusés.
Le lendemain, des idées noires difficiles à chasser et tes enfants qui se chamaillaient comme à leur habitude. Mais ce lendemain, bizarrement, ils ont continué à se chamailler, tu n’es pas intervenue, ce lendemain tu as réalisé que tu étais là, que tu étais encore là alors que la situation aurait pu être toute autre.
Tu as finalisé vos vacances pour dans un mois, tu es allée voir un peu la famille, tu as retrouvé ton bureau tellement heureuse ce lundi.
Allez, c’est fini, la vie continue et qu’elle est belle cette vie.
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