samedi 12 septembre 2015

Sans frontières

Ohne Grenzen - Sin fronteras - Without borders.
Français, allemand, espagnol, anglais. Quatre langues qui ont résonné dans la maison la semaine passée. Quatre langues témoins de mélanges d'idées, de personnalités, de mots d'enfants, de joies, de sujets quelquefois un peu moins joyeux. Quatre langues qui ont confirmé un peu plus qu'on aimait vivre en Europe pour ça, pour cette possibilité qui s'offre à nous de pouvoir aller où bon il nous semble, sans être obligé de planifier, de réserver, d'administrer quoi que ce soit, cette possibilité de prendre un train ou un avion un matin et se retrouver seulement quelques heures plus tard dans une contrée qu'on qualifie déjà d'exotique parce que les paysages ne ressemblent déjà plus à notre quotidien ou parce que là-bas, on n'entend plus parler français.
Une visite surprise de nos amis allemands que nous n'avions pas vu depuis bien trop longtemps, depuis un peu plus de deux ans et trois mois. On s'écrit beaucoup mais s'écrire est une chose, se voir, une autre chose encore plus forte.
Le premier soir, on est excités, heureux et on se regarde un peu comme au premier jour, on se redécouvre quelque part, ça fait vraiment longtemps qu'on ne s'était pas vus, on doit toujours un peu se retrouver, retrouver les repères qu'on avait laissés deux ans en arrière, les repères qui ont bougé aussi un petit peu parce qu'en deux ans, tu as par exemple eu le temps de devenir parent.
On s'est retrouvés. Comme avant. Une amitié qui dure depuis douze ans, une amitié très européenne, chacun avec son quotidien, chacun avec ses voyages à droite et à gauche et en douze ans, on s'est retrouvés plusieurs fois, rarement au même endroit, dans le Cotentin, au Baden-Würtemmberg, à Paris ou encore à Barcelone.
Cette fois-ci on s'est retrouvés aussi en pleine question des "Migrants" en Europe.
On en avait un peu parlé le premier soir parce qu'elle ne comprenait pas qu'on puisse déverser à ce point sa haine sur internet, sur ce sujet délicat.
Le deuxième jour, j'ai ouvert Facebook pendant ma pause déjeuner. Facebook, j'aime bien, du moins je l'aimais davantage il y a quelques années : Facebook m'a permis de retrouver des personnes côtoyées lors d'expériences à l'étranger, Facebook m'a permis et me permet toujours d'avoir un contact plus facile avec ces amis ou ma famille trop loin et disséminés aux quatre coins de France, d'Europe, et pour quelques-uns encore plus loin. Facebook le permet encore mais aujourd'hui, je n'aime plus Facebook pour tout ce qui circule beaucoup trop facilement, ces citations qui fleurissent partout qui seraient sensées te guider dans la vie, ces tests du genre "qui est votre âme-sœur" qui font penser à ces publicités : "envoie BABY à 4321 depuis ton téléphone et découvre quel sera le sexe de ton futur enfant". Mais surtout je n'aime plus Facebook pour toutes ces informations tronquées qui circulent encore plus, ces informations qui suscitent de la peur, voire de la haine chez beaucoup trop de personnes.
Pendant cette pause déjeuner, j'ai été désolée de lire certains commentaires, certains partages d'informations tronquées d'"amis" sur Facebook, ou de lire que "les migrants sont des futurs terroristes".
J'ai fermé Facebook, j'ai pensé aussi qu'encore une fois, cela permettrait de faire un tri parmi ces "amis".
Parce qu'en fin de compte, il est tellement plus facile de déverser gratuitement sa haine sur internet : plouf, tu te décharges et ça arrange tellement de n'avoir aucun répondant en face. 
L'internet et les réseaux sont devenus pour les extrêmes ce moyen d'expression unilatéral trop facile.

Je suis rentrée le soir dans mon auberge espagnole. Encore un peu dépitée, déçue certainement que ces propos soient affirmés et partagés par des personnes de mon entourage d'aujourd'hui. Mais avec du recul, j'ai réalisé qu'on avait saisi cette chance de vivre en Europe, qu'on avait su saisir cette amitié qui fait mentir celui qui disait : "Loin des yeux, loin du cœur".

Celui qui vient d'ailleurs, qui ne parle pas français n'est pas le vilain petit canard.
Celui qui est différent de toi n'est pas le mal en soi.
Si tu savais comme tu as des choses à apprendre de l'autre.
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