jeudi 21 janvier 2016

Courir à midi


Dans le jargon, on parle plus facilement de "midirun" ou de "lunchrun", c'est plus concis, plus direct, tout de suite plus clair. Littéralement, un lunchrun c'est passer une grosse partie de ta pause déjeuner à courir. Manger passe alors au second plan.
(mais remettons l'église au milieu du village, tu manges quand même, il va de soi, tu manges, mais plus tard).
(voilà maman, je vais bien, je mange, ne t'inquiète pas).
Certains pourront hausser le sourcil et dire que ça devient compliqué parce qu'on le sait tous que "la bouffe, c'est la vie", il n'empêche que les endorphines ont cette force extraordinaire de te faire préférer chausser tes baskets plutôt que d'aller t'enfiler ta gamelle parce que depuis le p'tit déj de sept heures, t'as grave la dalle.



Alors pourquoi ? Pourquoi courir à midi plutôt que manger ?


  • Une vraie coupure. On s'éloigne du lieu de travail, de la cantine où on en revient trop souvent à parler encore boulot et on va gambader dans la campagne et respirer au grand air. Les inconvénients, c'est que dans le Cotentin, il y a trop souvent du vent, alors t'oublie ton brushing l'après-midi. Aussi, en ce moment, il fait froid : les yeux se mettent à pleurer tout seuls, je me disais justement mardi midi dernier que le mascara waterproof était finalement une belle invention.

  • Tu fractionnes plus facilement. Effectivement, à la pause déjeuner, comme tu cours moins longtemps et moins loin que si tu partais de chez toi, tu as plus de facilités à accélérer et à faire tes séances de 3x1000mètres par exemple à fond les manettes. (Le mantra du fractionné du midi : "fais-le, comme ça, ça durera moins longtemps") (ouais, je suis une flemmarde du fractionné, il faudrait en faire 5 ou 6x1000 mais je préfère encore monter et descendre incessamment dans le sable mou de la cime des dunes et considérer ça comme du fractionné). Bref, avec le fractionné, t'es encore plus rouge pivoine quand tu reviens au bureau, mais tu es encore plus satisfait aussi.

  • Tu évoluerais plus rapidement. Ces midirun quelque part imposés dans le sens où quelquefois, quand même, tu préférerais aller zoner chez Super U et traîner ta bosse plutôt que te déshabiller-enfiler ta tenue de combat-suer-te redéshabiller-te doucher (et pester parce qu'il n'y a pas de rideau de douche)-t'habiller de nouveau, et bien ces midirun, force est d'avouer que quand même, ils durcissent ton mental et puis que même s'ils sont un peu plus petits, ils n'en sont pas pour autant moins efficaces vu que tu fractionnes plus facilement comme vu plus haut, et que tu pratiques aussi un peu plus facilement l'endurance fondamentale.

  • L'endurance fondamentale. Presque trois ans que je cours et pourtant je ne commence seulement maintenant à pratiquer l'endurance fondamentale, maintenant à courir à un rythme beaucoup plus ralenti, à un rythme où je ne souffle plus comme un cheval et où je peux tenir finalement une conversation en courant. La fréquence cardiaque est moins soutenue, tu respires plus profondément et aères bien comme il faut tout ton organisme en action, une pratique de l'endurance fondamentale est nécessaire pour progresser, nécessaire pour respirer plus convenablement et donc pour courir plus aisément et plus longtemps. Ouf, effectivement, je respire davantage lors de ces séances plus ralenties.

  • Les paysages. Bon, vous me direz que même lorsqu'on court le matin ou le soir, même n'importe quand, on profite aussi du paysage. Mais je sais pas, c'est juste que dans ce cas de la pause déjeuner, tu as d'autant plus besoin de regarder autre chose et d'oublier un peu ton écran et certains de tes collègues, un réel besoin qui fait que tu es plus sensible à ce qui t'entoure, que tu regardes différemment ce lavoir, ces deux ânes qui te regardent aussi, les lumières toujours très différentes d'un jour à l'autre.

  • Se renouveler. Merci les endorphines. Tu as couru ce midi et même si ce n'est que 35 minutes, tu es sortie, tu t'es dépensée : TU ES CONTENTE. Comme shootée un peu. Tellement contente que tu retournes au bureau décontractée, légère, la tête fraîche, un peu lorsque tu arrives le matin (même si je reste humaine et qu'il y a des matins où non, non, j'ai pas trop trop envie d'y aller là). Hop, on est reparti pour une demie-journée et je vous assure qu'un run le midi vaut très certainement autant qu'une sieste niveau productivité (tiens, ce sera un point à aborder pour mon entretien individuel).

  • Courir plus. Courir le midi permet aussi d'avoir un créneau où courir tout simplement, notamment en cette saison où c'est un peu compliqué de se lever encore plus tôt qu'à 5h45 pour aller courir dans la forêt près de chez toi et où il fait encore très nuit lorsque tu rentres un peu avant 19h le soir et j'avoue je ne serai pas bien brave seule sur mes routes de campagne. Alors, le midi est une évidence : si je veux assurer pour mes courses challenges du printemps, pas d'autre choix, tu vas courir à midi et tu te tais !
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