samedi 19 mars 2016

Le trail urbain de Cherbourg

A peine Saint-Lô terminé, on avait déjà en tête la prochaine course du dimanche suivant et pas des moindres :
  • Le Trail de la CUC et le choix du plus long parcours : 26 km pour un dénivelé de 1000m
Le dimanche 13 mars, c'est avec presque autant de décontraction qu'à Saint-Lô que je me rends à Cherbourg. 
En revanche, cette fois-ci, on va taper beaucoup plus dans le dur en s'alignant au départ d'une course qui équivaut à celle de la Barjo de juin dernier. On devrait un peu moins rigoler : le dénivelé devient sérieux. Il s'agit surtout de se tester en plein milieu de la préparation pour le marathon : tester son endurance car je sais que je suis partie pour courir 3h/3h30, tester son mental parce qu'avec un tel dénivelé, il y aura certainement des endroits où tu risques d'être un peu découragée...
Départ à 9h. Je récupère mon dossard, je ne vais pas m'échauffer : en trois heures de course mini, je pars du principe que les cinq premiers kilomètres seront de l'échauffement.
Je regarde les participants, on est plutôt nombreux (200 maxi à l'inscription, nous étions 100/120 ?) mais seulement 4 féminines sur ce départ.
On fait un coucou collectif au drone et puis c'est parti.
Les participants s'espacent rapidement, il y a de sacrées fusées en début de peloton, des fusées qu'on avait déjà bien repéré au départ, parce qu'on a les déjà vues lors de précédentes courses, et parce que ça se voit tout simplement (affûtage, équipement, œil du tigre,...).
On monte vers mon ancien lycée (NDLR : Lycée J-F Millet), on redescend vers le quartier de la gare, on remonte vers les Provinces, on redescend et nécessairement on se dirige vers la Montagne du Roule : je n'avais aucune idée du parcours mais cet endroit faisait office de passage obligé, la Montagne du Roule étant l’emblème de la ville de Cherbourg, emblème d'où l'on peut avoir un beau panorama de toute la communauté urbaine une fois grimpé tout là-haut. C'est parti, on commence à monter les lacets de la montagne - sur route cependant, pas de sentiers de ce côté - on commence à monter alors même que les premiers participants redescendent complètement la montagne. Niveau mental, c'est sympa aussi de voir tous ces sourires qui descendent de l'autre côté alors que toi, tu te concentres sur ton souffle parce que tu es loin d'avoir fini de grimper. Je n'ai pas compté mais je crois qu'il y aura 5/6 lacets mais bref, on est contents d'arriver au bout, nous avons parcouru 8km jusque là, j'en profite pour enlever une épaisseur (malgré le vent d'est très froid), de boire un peu, de prendre un premier gel. Et puis je prends deux photos du panorama aussi. Et puis je discute un peu avec les deux personnes de l'organisation qui étaient là pour nous inscrire une croix sur le dossard (certificat de garantie d'avoir bien atteint la Montagne).
On redescend, on retrouve notre souffle, notre entrain. Bon, par contre, l'arrière de mon pied droit me titille depuis quinze jours, ça n'a pas l'air de s'arranger cette histoire et j'y pense beaucoup pendant les 2/3 prochains kilomètres. J'y pense jusqu'à attaquer de nouveau un gros morceau de ce trail : la montée vers la Glacerie, la fameuse Vallée de Quincampoix, qui n'est pas non plus une mince affaire. Et on continue de grimper. On redescendra ensuite, on se retrouvera dans une petite vallée très boisée, très sauvage, il y aura d'ailleurs une odeur de je-ne-veux-pas-savoir-ce-que-c-est et il y aura cette pente très abrupte où je m'accrocherai à plusieurs racines pour escalader et faire attention à ne pas glisser. Quelques photos tout là-haut et on repart parmi des sentiers.
A 12.5 km, le sentier, la rivière et puis le petit pont de bois barré d'une croix.
"Alors, on passe où ?" me suis-je demandé. Arrêt sur image plusieurs secondes, "je me suis trompée de chemin ou bien ?". Non, pas du tout : j'aperçois la dame environ 50 mètres plus bas sur l'autre rive de la rivière, elle me confirme qu'il faut aller se mouiller les pieds. Joie dans mon corps et très vite du froid : une eau d'une température digne d'une eau cherbourgeoise, on grimpe sur la rive et on est reparti pour 15km les pieds humides. Floc, floc, floc. On se distrait comme on peut.
Km 14 : ravitaillement. On s'arrête quelques instants : eau gazeuse, Tuc (ma passion du trail vient aussi de ma passion de manger des Tuc à 10h du mat' le dimanche), raisins secs et on discute un peu avec organisateurs et participants. Allez, il en reste un peu moins de la moitié, c'est ça ?
Je vous avoue, avec les pieds trempés, je me suis dit que ce serait encore bien long... (et puis mon pied pas vraiment à son top niveau sur lequel je forçais...).
Les prochains kilomètres sont longs. Je regarde ma montre trop souvent, je décompte les kilomètres trop souvent, j'ai mal aux jambes, elles commencent à me dire que c'est sans doute un peu trop de passer d'une sortie longue d'1h30 à plus de 3h sans transition.
Chutttt, considère cette sortie comme une promenade, si c'est trop dur à tel endroit, marche un peu, on ne t'en voudra pas. Alors, au lieu de regarder les kilomètres, je regarde ma fréquence cardiaque. Elle est plus optimiste, tu as mal mais ta fréquence est très correcte, tu es loin d'être en réelles difficultés.
C'est sans doute cette conclusion qui fait que je n'ai quasiment plus regardé les kilomètres ensuite. 
La féminine qui était derrière moi a du me dépasser au km 22, je ne la récupérerai pas ensuite.
Je me suis retrouvée avec les deux hommes qui fermaient la course.
Je me souviens avoir demandé à un moment où nous étions car je n'en avais aucune idée, on était dans des petits chemins et je ne voyais pas l'ombre de Cherbourg à l'horizon. 
"Si, Cherbourg n'est pas loin, on est à 3 km de l'arrivée à peu près".
On a alors retrouvé les hauteurs d'Octeville et les sentiers sur lesquels j'avais couru mon premier trail de 12.5km deux ans auparavant. Je me suis souvenue de ces satanés escaliers soudainement et espérais que les organisateurs ne nous referaient pas le coup des escaliers, sans trop y croire. Mais finalement, je n'aurais pas croisé ces abominables escaliers, seulement une bonne dizaine de marches pour ressortir des sentiers et se retrouver dans la ville.
On arrive au stade de football Maurice Postaire et surprise, j'aperçois mon mari au bout de la route avant la grande avenue et les trombines de mes petits trésors tout souriants dans la voiture.
Le sourire me revient avec cette phrase "je suis dernière mais je vais le terminer ce trail !".
3h07 à ma montre, je termine ces 26.7 kilomètres.
J'ai le sourire, le souffle revient vite, les jambes me tirent beaucoup plus.
La féminine qui m'avait dépassé revient vers moi à l'arrivée, me dit "Félicitations" et m'embrasse avec son large sourire d'une course accomplie également. On nous prend en photo toutes les deux et on file manger un morceau, il faut reprendre des forces rapidement après ces 1500 calories perdus en trois heures.
On discute, on se pose un peu et il est temps de reprendre la route...en voiture cette fois-ci, en ayant pris soin de bien se sécher les petons, la récompense étant d'aller retrouver toute ma petite famille au coin du feu chez papa et maman.

Le large sourire de la mission accomplie ! 26,7km à ma montre, 3h07 de course. Un magnifique trail urbain avec un dénivelé positif pas anodin (1000m) qui ont mis mes jambes à rude épreuve sur la fin. Je me souviendrai du km 12,5 et de ce petit pont de bois barré : arrêt sur image, "alors on passe où ?" me suis-je demandé. Et là, une dame de l'autre côté de la rive me confirme qu'il faut parcourir ces bons 50 mètres DANS L'EAU DE LA RIVIÈRE (à une température digne d'une eau cherbourgeoise). Bref, les pieds humides pendant 15km ensuite mais la furieuse envie d'accomplir ce beau parcours très varié. Nous étions 4 femmes parmi les environ 150 participants sur ce 26km. Je termine dernière avec ces deux hommes qui fermaient la course qui me disaient "chapeau, les derniers, d'habitude, ils ne courent pas comme ça". J'ai senti mes jambes à la fin mais ma tête était là. J'ai adoré tous ces super coins dans Cherbourg et environs et un grand bravo à l'organisation. Place à la récup, je me fais dorloter au coin du feu chez papa-maman (et il y a longtemps que je n'avais pas apprécié un rosé comme ça) #trail #instatrail #igtrailers #TraildelaCuc #running #runhappy #HappyRunningCrew #quicherunpower #jecoursjebouge #challenge #challengeyourself #prepamarathon #marathon #duesseldorfmarathon #dusseldorfmarathon #happygirl #proudgirl
Une photo publiée par @anneclairebcn le

Un après-midi posé au coin du feu à raconter un peu tout ce que je viens d'écrire là.
Une soirée écourtée parce que je ne demandais que mon lit et dormir beaucoup.
Belote, le lundi soir.
Rebelote le mardi soir.
Des gros dodos pour récupérer. Reprendre des forces également en s'alimentant correctement, le lendemain d'une course comme celle-ci, tu aurais tendance à te jeter sur n'importe quoi, personnellement, je reste un estomac sur pattes pendant au moins 24 heures, à avoir besoin d'avaler quelque chose mini toutes les deux heures.
Et puis cette fois-ci, il y a eu le pied malmené. Il tiraillait depuis une quinzaine de jours, j'avais cette impression d'avoir cette ampoule, mais interne, à l'arrière du pied. Douleur décuplé avec les chaussures de trail, que j'utilisais donc sur cette course.
Les deux jours d'après le Trail de la CUC, le pied a gonflé fortement + œdème.
Le mercredi, je suis allée consulter, verdict : tendinite. Plutôt prise à temps car au pincement, je n'ai pas de réelle douleur. J'ai été soulagée lorsque le médecin m'a annoncé : "ce sera minimum sept jours d'arrêt". Et à moi de penser : "ouf, seulement sept jours" (le penser est déjà une chose, l'écrire me confirme que je dois être véritablement Barjo en un sens...).
à + 6 jours du Trail de la CUC, les courbatures aux cuisses des lundis et mardis sont bien sûr reparties, l’œdème aussi s'est fait la malle, et on soigne cette tendinite par des massages et anti-inflammatoires.
Dimanche, on rechaussera les chaussures de courses (celles de trail resteront au placard jusqu'au 24 avril) et on alignera de nouveau les kilomètres, crescendo, en restant vigilant à l'appel du pied, si appel du pied il y a.
Le Trail de la CUC, j'ai adoré cette course, notamment le parcours : superbe, varié et plutôt très technique. Avec du recul, peut-être avais-je visé un peu haut d'inclure une telle course dans ma prépa marathon avec le risque de me faire des bobos. Le trail reste exigeant mais je voulais surtout savoir où j'en étais niveau mental, savoir si je ne me découragerais pas si facilement. Et en cela, le trail de Cherbourg m'a rassuré. Pour Düsseldorf, le mental semble plutôt prêt, les jambes sont bien parties également, alors s'il te plaît gentil pied, reste dans le jeu toi aussi.

       

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