jeudi 9 mai 2013

Trois livres.


Avant de commencer quoique ce soit d'autre, je voulais vous parler des trois livres que je viens de terminer.
Ou plutôt évoquer ces trois livres.
Car un livre est souvent très riche, il est difficile d'en parler pleinement et surtout, chacun appréhende le livre différemment, en y rapprochant ses propres expériences de la vie.

Le premier roman de Kathryn Stockett est un véritable chef d'oeuvre.
On ne présente plus La Couleur des Sentiments, roman maintes fois évoqué depuis sa sortie en 2010.
J'ai vu passer tellement de choses à son sujet. Sans vraiment les lire complètement. Je m'étais juste dit qu'il faudra que je l'achète pour enfin me faire ma propre opinion.
Et quelle opinion.
La Couleur des Sentiments te transporte dans les Etats-Unis des années 1960, à Jackson, Mississippi.
Jackson où les lois raciales subsistent plus que tout, où des Noirs se font encore passer à tabac parce que du point de vue des Blancs, ceux-là avaient un peu trop osé.
On partage ce quotidien de Jackson, aussi bien du côté des blanches embourgeoisées, que des bonnes noires qui travaillent chez ces blanches.
Aibileen est une de ses bonnes noires. Aibileen qui s'occupe si bien des bébés des blanches, et notamment de Mae Mobley, délaissée par sa maman qui a bien trop à faire avec ses amies blanches.
Et c'est une blanche, bien au-dessus des "occupations" de ses "amies", qui va vouloir faire changer les choses à Jackson. Cette blanche dont le rêve est d'aller à New York où les esprits sont tellement plus ouverts. Cette blanche qui écrit et qui décide un jour de donner la parole aux bonnes noires pour faire entendre au reste des Etats-Unis ce qui se passe à Jackson et dans le Mississippi. Ce recueil de témoignages des bonnes se fera bien entendu de façon clandestine, puisqu'il est bien connu que les blancs n'ont absolument rien à faire avec les noirs à Jackson.
Un recueil de témoignages que l'on vit, littéralement.
Une prise de risques énorme pour quel résultat ? Et Mae Mobley dans tout ça ? Une petite fille blanche qui ne se rend pas compte encore du monde dans lequel elle vit et si attachée à sa bonne Aibileen. Que va-t-il advenir de leur relation si privilégiée ?
Un beau livre, poignant, qui dépeint l'absurdité inhérente à ce Mississippi des années 60 et qui te fait poser des questions sur la tolérance, simplement.

Justine Lévy. Vu comme ça, lire Justine Lévy paraît beaucoup plus léger par rapport à la Couleur des Sentiments.
J'ai débute par son roman Rien de grave.
Effectivement, celui-ci est beaucoup léger. Une lecture "bonne copine", j'ai eu souvent l'impression de lire un bon blog en fait. L'auteur Justine nous raconte comment elle a vécu la séparation avec son premier mari. C'était l'homme de sa vie. Comment s'en sortir après une telle séparation alors que Justine ne vivait vraiment que par lui ?

Et puis, j'ai enchaîné directement par Mauvaise Fille.
La claque tout bonnement.
Justine Lévy nous livre encore sa propre expérience. Mais beaucoup moins légère cette expérience. Elle nous livre les dernières semaines avec sa maman en même temps qu'elle était enceinte de son premier enfant.
Les dernières semaines d'une maman auxquelles se succéderont ces premiers moments en tant que maman elle-même.
Un témoignage qui m'a énormément touché. Parce que tu te projettes tellement : une maman est si chère, et comment on le vivrait nous, si notre maman disparaissait.
Tu arrives aussi à comprendre un peu mieux une amie dont la maman n'est pas maternelle ou une cousine qui a déjà perdu sa maman.
Et je finirais juste par cet extrait du livre :
"Le jour de sa mort, je ne sais même pas quel jour c'était, ni quel âge elle avait, aux gens je dis cinquante ans, ça doit être à peu près ça, je pourrais calculer, je ne calcule pas, j'ai trop peur de m'en souvenir, trop peur d'être triste ce jour là, je suis maman moi aussi, je ne sais pas grand chose mais je sais qu'il ne faut pas qu'une maman soit trop triste et je préfère donc oublier le jour de la mort de maman. Je sais que ça ne sert à rien, bien sûr. Je sais que, tous les ans, je m'en souviendrai quand même, ou que quelque chose en moi s'en souviendra, et que j'aurai une otite, un accident, un cauchemar. Je sais que la date me poursuivra, que je vieillirai à la place de maman, que je prendrai chaque année deux ans, un pour moi, un pour elle, jusqu'au jour où je serai plus vieille qu'elle et que le temps m'aura rattrapée,"...

C'est beau, juste, écrit avec plein de finesse et on pleure ou on ne pleure pas. Je ne pense pas que Justine Lévy cherche nécessairement à faire pleurer ses lecteurs. C'est selon chacun.
Une vraie claque, un récit qui m'a encore plus remué que La Couleur des Sentiments.
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