Deuxième édition du Tour de Houat. Deuxième édition seulement et pourtant, il n'a pas fallu un quatrième jour pour que le quota maximum d'inscrits soit atteint. 400 coureurs maximum, 400 coureurs, pas un de plus pour préserver l'île de Houat, l'île la plus authentique et la plus préservée du Golfe du Morbihan selon les dires de nos hôtes morbihanais du week-end.
En même temps que l'inscription, il fallait aussi réserver la traversée en bateau et indiquer nos éventuels accompagnants. C'est avec ma petite famille qu'on décidait de passer 24 heures sur Houat : nous sommes arrivés dès le vendredi, un peu avant 17 heures, sous un soleil splendide.
Les jours d'avant
Les jours d'avant
Le Tour de Houat, c'est un trail de 17 kilomètres 100% marin qui fait tout simplement le tour de l'île en alternant sentiers côtiers, plages, sentiers escarpés dans la roche.
Quelle préparation pour un tel trail ?
Si vous me suivez sur Instagram, vous savez déjà que je cours plutôt régulièrement, même si je ne partage pas non plus toutes mes sorties sans exception. Cependant, je vous fais partager toutes mes participations à des courses officielles et depuis début mai, ce ne sont pas les courses qui manquaient dans le Cotentin : un trail de 15 km le 1er mai, mon premier trail de 24 km le 17 mai, la Barjo (!!!) le 21 juin, le Semi-Marathon des Vikings le 28 juin et les Foulées Brettevillaises le 26 juillet.
Je mise beaucoup sur ces courses officielles, ainsi que sur les sorties longues du week-end (entre 15 et 20 kilomètres) pour ma préparation. En semaine, le temps est beaucoup plus restreint, je parviens en général à courir 8/10 kilomètres au moins une fois, deux fois lorsque tout va parfaitement dans le meilleur des mondes (ce qui est rare).
Et c'est donc dans ces conditions et avec la sortie longue zappée le week-end précédent que je débarquais sur Houat le vendredi. En posant les pieds sur l'île, direction le Fort pour nous installer, vite fait, bien fait et zou, on filait à la grande plage attenante. Histoire de se donner bonne conscience et voir si les jambes répondaient présentes, quelques exercices de cardio sur la plage et un mini-footing les pieds dans l'eau furent bienvenus pour se mettre dans l'ambiance.
Mais vite, vite, rendons-nous directement au village et rentrons dans le vif du sujet !
Le trail
Nous arrivons à 10h, le départ était donné à 11h30. J'avais largement le temps de récupérer mon dossard, de me concentrer, de lorgner sur les très très nombreux licenciés (c'est seulement que c'est toujours très impressionnant de voir tant de licenciés et de se dire que toi aussi, tu es là, parmi les plus entraînés), d'aller sautiller un peu avec fiston pour faire monter sa fréquence cardiaque pour être bien en forme pour le départ.
Trois quarts d'heure avant, je mange ma barre d'Ovolmatine et je finis ma San Pellegrino.
Je retourne aussi une seconde fois faire pipi (c'est très très psychologique aussi tout ça)
Je cherche, en vain, Céline et Marjolaine qui arrivaient par le bateau du matin.
Les enfants jouent sous l'arche. Ma moitié se prend un café (pour moi, c'est interdit, sinon je n'aurais définitivement plus le temps d'aller faire une troisième fois pipi).
Et puis enfin, il reste un quart d'heure, on demande aux participants de se rassembler, on nous transmet certaines consignes : la sécurité ou encore celles de ne rien jeter sur le site préservé de l'île.
Et puis on doit aller sous l'arche : "il faut que tu te mettes devant" m'aura répété mon mari depuis la veille. Alorspour une fois je l'écoute et je me positionne bien au coeur de la première moitié.
Je cherche à apercevoir une dernière fois Marjolaine ou Céline. Mais non.
Allons, en route, on déclenche Nike Running et la Garmin. Les montres sonnent autour de moi, un participant règle sa Gopro.
Et hop, on part ! C'est cool, c'est parti, tout le monde trépigne, tout le monde sourit, à nous Houat !
Les deux premiers kilomètres se feront dans le village, les premiers dépassements, les Houatais sont bien présents, les encouragements sont au rendez-vous.
On sort ensuite du village, direction le Fort et cette fameuse plage où je m'étais entraînée la veille. C'est à partir d'ici que le peloton de coureurs se disloque réellement, chacun a trouvé désormais son rythme même si trouver son rythme sur le sable mou ne va pas très souvent de pair.
On remonte un peu sur la dune, un peu de sentiers puis on retrouve une immense plage où on aperçoit tout là-bas, tout là-bas (environ deux kilomètres plus loin me semble-t-il) les meneurs de la course. Allez, cette plage est pour toi, il fait beau, il fait bon, peut-être un peu chaud mais que veux-tu, une course insulaire au soleil de midi reste une course insulaire au soleil de midi.
Au milieu de la plage, mon mari est là et mes enfants aussi, ils sont tous très heureux, moi aussi et ça fait du bien de les voir, un bon regain d'énergie en passant.
La longueur sur la plage se termine bientôt, on a inévitablement les baskets mouillées à cet endroit, tant pis, on va continuer quelques temps en faisant des "ploc ploc".
Au bout de la plage, il y a des rochers à monter, des escaliers, on monte là-haut sur la dune, on retrouve un sentier. On continue, ça fait du bien de retrouver un peu de dur, on oublie les baskets trempés, en vrai je crois que pas mal d'eau s'est évaporée vu la température. Sur ce sentier sonnent les cinq kilomètres et c'est le premier ravitaillement : on boit de l'eau, on s'asperge d'eau, on prend des raisins secs et c'est reparti.
Une autre plage. Je l'aperçois depuis mon sentier en hauteur, on redescend via le sentier devenu étroit, escarpé, rocheux. Mon mari est encore en bas, ma petite fille aussi, "vas-y, continue comme ça, tu es la 26ème femme, fiston est un peu plus loin sur la plage". Le kilomètre 7 vient de sonner et effectivement fiston est là en train de faire un château de sable. Et puis le bout de la plage, juste avant la montée costaud dans le sable fin et très mou, et puis un "Anne-Claire ! Vas-y !". C'est Céline. Ah bien voilà, elle est là : "merci Céline" ! Oui, merci, ça fait toujours du bien d'entendre son prénom surtout lorsque tu dois monter fort juste après. On quitte la plage, on remonte via un sentier rocheux, c'est abrupt et me dis que tout ira mieux là-haut.
Effectivement, on repart, on retrouve son rythme là-haut, sur les sentiers de roches, c'est assez plat de ce côté, avant le ravito du kilomètre 9. Je reprends de l'eau, je m'asperge une nouvelle fois. Rien à manger cependant, j'aurais bien pris un truc. Je prends mon gel à la pomme dans ma ceinture et je recharge les batteries. ET J'AI BIEN FAIT.
La partie certainement la plus longue pour moi viendra ensuite, entre le kilomètre 9 et 12. Le sentier se fait plus rocheux, plus abrupt, il faut être bien concentré pour poser ses pieds correctement. Et puis, ça descend un peu plus de ce côté, j'aime pas trop les descentes, alors concentration.
Je continue, à mon rythme, j'ai mal aux pieds, le dessous des pieds, je me dis qu'il va vraiment falloir que j'aille voir enfin un podologue, depuis le temps. Et puis je pense à la BANANE. C'est bête, hein. Ouais, à un peu plus de 11 kilomètres, je pense à la banane de l'arrivée, ces bananes que j'ai aperçues au départ, une bonne banane là, tout de suite, il ne m'en faudrait pas plus.
Et puis, quelquefois, sur un trail, les vœux se réalisent : ravitaillement du kilomètre 12, IL Y A DE LA BANANE. Satisfaction suprême (mais quand même, la prochaine fois, je rêverai d'une maison secondaire sur Houat, qui sait...). Bref, je savoure de la banane. Un peu trop longtemps apparemment car je vois une femme qui me passe devant, qui repasse devant moi vite et je me dis "merde, elle a l'air bien en forme en plus, vite, on repart".
Alors je repars, je suis la femme, elle sait que je suis derrière elle, elle ne se retourne pas complètement, mon souffle (de cheval) suffit à savoir que je suis sur ses talons. Et là, j'ai réalisé à quel point le mental jouait dans une course. Je suis cette femme, qui va vite, je trouve qu'elle va super vite d'ailleurs mais je ne veux pas la lâcher, il nous reste quatre kilomètres, c'est peu mais encore tellement loin en même temps, ça commence vraiment à être difficile mais je veux continuer de suivre cette femme qui va vite car elle me motive, simplement. Les premiers escaliers de fin de parcours font leur apparition, des escaliers qui montent, montent, montent, des escaliers qui te cassent encore plus les jambes. Et, ô surprise, la femme me dit "Vous voulez passer ? Allez-y, passez" "oui, mais non, en fait, je vous suivais, vous allez vite". Alors, bien malgré moi, je reprends les devants, il reste un peu plus de deux kilomètres. C'est dur, j'ai mal aux pieds, les jambes commencent à se faire sentir aussi mais je pense à cette femme qui est derrière et je me demande si elle se dit elle aussi que je vais vite ? Je pense à l'arrivée qui ne va pas tarder. Je pense au village et à tous ces gens qui seront là pour nous accueillir. Je pense à mon mari, à mes enfants qui m'attendent (et qui doivent avoir faim, il est plus de 13h désormais).
Je n'ose pas me retourner pour voir si la femme est toujours sur mes talons. Mais je n'entends plus rien, l'aurais-je semée ?
Des escaliers, encore et toujours. On les avale, comme on avale ces derniers mètres, l’œil un peu plus rivé sur la montre.
Le port. Le port est là et avec lui les derniers escaliers, on grimpe et puis le panneau "C'est le dernier kilomètre, que du bonheur !" Ah oui, merci pour cet écriteau les organisateurs, ça m'a bien fait rigoler et maintenant, on y va, on ne lâche rien. On continue, inlassablement, même si je rêve d'arriver, tout de suite, maintenant. Un kilomètre, surtout le dernier, surtout sur Houat, c'est long, très long, sachez-le. Et puis Fiston, quatre-cents mètres avant la fin, il m'accompagnera jusqu'à l'arrivée. Sa petite soeur nous rejoint quelques mètres avant l'arche et je suis tellement fatiguée que je n'ai même pas pensé à leur prendre leurs mains.
Je franchis l'arche, 17 kilomètres, en 1h50 et 31 secondes.
"Anne-Claire qui nous vient du Cotentin, exprès du Cotentin pour le tour de Houat" dit le speaker.
Oui, on est venus exprès pour le Tour de Houat. On est venus et on ne regrette pas une minute. Houat, c'était beau, c'était difficile sur la fin mais c'était beau et c'était aussi faire honneur aux organisateurs que de terminer ce splendide tour et c'est encore un grand merci que je vous adresse aujourd'hui à tous.
Nous étions 400 inscrits. 349 coureurs termineront le trail.
Je termine 195ème et 12ème de ma catégorie sur 47.
Une nouvelle fois, je suis tellement HEUREUSE de cette performance.
Je méritais bien une galette saucisse et un grand rosé, non ?
Et retrouvez aussi par ici le compte-rendu de Marjolaine !
Quelle préparation pour un tel trail ?
Si vous me suivez sur Instagram, vous savez déjà que je cours plutôt régulièrement, même si je ne partage pas non plus toutes mes sorties sans exception. Cependant, je vous fais partager toutes mes participations à des courses officielles et depuis début mai, ce ne sont pas les courses qui manquaient dans le Cotentin : un trail de 15 km le 1er mai, mon premier trail de 24 km le 17 mai, la Barjo (!!!) le 21 juin, le Semi-Marathon des Vikings le 28 juin et les Foulées Brettevillaises le 26 juillet.
Je mise beaucoup sur ces courses officielles, ainsi que sur les sorties longues du week-end (entre 15 et 20 kilomètres) pour ma préparation. En semaine, le temps est beaucoup plus restreint, je parviens en général à courir 8/10 kilomètres au moins une fois, deux fois lorsque tout va parfaitement dans le meilleur des mondes (ce qui est rare).
Et c'est donc dans ces conditions et avec la sortie longue zappée le week-end précédent que je débarquais sur Houat le vendredi. En posant les pieds sur l'île, direction le Fort pour nous installer, vite fait, bien fait et zou, on filait à la grande plage attenante. Histoire de se donner bonne conscience et voir si les jambes répondaient présentes, quelques exercices de cardio sur la plage et un mini-footing les pieds dans l'eau furent bienvenus pour se mettre dans l'ambiance.
Embarquement depuis Vannes |
Mais vite, vite, rendons-nous directement au village et rentrons dans le vif du sujet !
Le trail
Nous arrivons à 10h, le départ était donné à 11h30. J'avais largement le temps de récupérer mon dossard, de me concentrer, de lorgner sur les très très nombreux licenciés (c'est seulement que c'est toujours très impressionnant de voir tant de licenciés et de se dire que toi aussi, tu es là, parmi les plus entraînés), d'aller sautiller un peu avec fiston pour faire monter sa fréquence cardiaque pour être bien en forme pour le départ.
Trois quarts d'heure avant, je mange ma barre d'Ovolmatine et je finis ma San Pellegrino.
Je retourne aussi une seconde fois faire pipi (c'est très très psychologique aussi tout ça)
Je cherche, en vain, Céline et Marjolaine qui arrivaient par le bateau du matin.
Les enfants jouent sous l'arche. Ma moitié se prend un café (pour moi, c'est interdit, sinon je n'aurais définitivement plus le temps d'aller faire une troisième fois pipi).
Et puis enfin, il reste un quart d'heure, on demande aux participants de se rassembler, on nous transmet certaines consignes : la sécurité ou encore celles de ne rien jeter sur le site préservé de l'île.
Et puis on doit aller sous l'arche : "il faut que tu te mettes devant" m'aura répété mon mari depuis la veille. Alors
Je cherche à apercevoir une dernière fois Marjolaine ou Céline. Mais non.
Allons, en route, on déclenche Nike Running et la Garmin. Les montres sonnent autour de moi, un participant règle sa Gopro.
Et hop, on part ! C'est cool, c'est parti, tout le monde trépigne, tout le monde sourit, à nous Houat !
Les deux premiers kilomètres se feront dans le village, les premiers dépassements, les Houatais sont bien présents, les encouragements sont au rendez-vous.
On sort ensuite du village, direction le Fort et cette fameuse plage où je m'étais entraînée la veille. C'est à partir d'ici que le peloton de coureurs se disloque réellement, chacun a trouvé désormais son rythme même si trouver son rythme sur le sable mou ne va pas très souvent de pair.
On remonte un peu sur la dune, un peu de sentiers puis on retrouve une immense plage où on aperçoit tout là-bas, tout là-bas (environ deux kilomètres plus loin me semble-t-il) les meneurs de la course. Allez, cette plage est pour toi, il fait beau, il fait bon, peut-être un peu chaud mais que veux-tu, une course insulaire au soleil de midi reste une course insulaire au soleil de midi.
Au milieu de la plage, mon mari est là et mes enfants aussi, ils sont tous très heureux, moi aussi et ça fait du bien de les voir, un bon regain d'énergie en passant.
La longueur sur la plage se termine bientôt, on a inévitablement les baskets mouillées à cet endroit, tant pis, on va continuer quelques temps en faisant des "ploc ploc".
Au bout de la plage, il y a des rochers à monter, des escaliers, on monte là-haut sur la dune, on retrouve un sentier. On continue, ça fait du bien de retrouver un peu de dur, on oublie les baskets trempés, en vrai je crois que pas mal d'eau s'est évaporée vu la température. Sur ce sentier sonnent les cinq kilomètres et c'est le premier ravitaillement : on boit de l'eau, on s'asperge d'eau, on prend des raisins secs et c'est reparti.
Une autre plage. Je l'aperçois depuis mon sentier en hauteur, on redescend via le sentier devenu étroit, escarpé, rocheux. Mon mari est encore en bas, ma petite fille aussi, "vas-y, continue comme ça, tu es la 26ème femme, fiston est un peu plus loin sur la plage". Le kilomètre 7 vient de sonner et effectivement fiston est là en train de faire un château de sable. Et puis le bout de la plage, juste avant la montée costaud dans le sable fin et très mou, et puis un "Anne-Claire ! Vas-y !". C'est Céline. Ah bien voilà, elle est là : "merci Céline" ! Oui, merci, ça fait toujours du bien d'entendre son prénom surtout lorsque tu dois monter fort juste après. On quitte la plage, on remonte via un sentier rocheux, c'est abrupt et me dis que tout ira mieux là-haut.
Effectivement, on repart, on retrouve son rythme là-haut, sur les sentiers de roches, c'est assez plat de ce côté, avant le ravito du kilomètre 9. Je reprends de l'eau, je m'asperge une nouvelle fois. Rien à manger cependant, j'aurais bien pris un truc. Je prends mon gel à la pomme dans ma ceinture et je recharge les batteries. ET J'AI BIEN FAIT.
La partie certainement la plus longue pour moi viendra ensuite, entre le kilomètre 9 et 12. Le sentier se fait plus rocheux, plus abrupt, il faut être bien concentré pour poser ses pieds correctement. Et puis, ça descend un peu plus de ce côté, j'aime pas trop les descentes, alors concentration.
Je continue, à mon rythme, j'ai mal aux pieds, le dessous des pieds, je me dis qu'il va vraiment falloir que j'aille voir enfin un podologue, depuis le temps. Et puis je pense à la BANANE. C'est bête, hein. Ouais, à un peu plus de 11 kilomètres, je pense à la banane de l'arrivée, ces bananes que j'ai aperçues au départ, une bonne banane là, tout de suite, il ne m'en faudrait pas plus.
Et puis, quelquefois, sur un trail, les vœux se réalisent : ravitaillement du kilomètre 12, IL Y A DE LA BANANE. Satisfaction suprême (mais quand même, la prochaine fois, je rêverai d'une maison secondaire sur Houat, qui sait...). Bref, je savoure de la banane. Un peu trop longtemps apparemment car je vois une femme qui me passe devant, qui repasse devant moi vite et je me dis "merde, elle a l'air bien en forme en plus, vite, on repart".
Alors je repars, je suis la femme, elle sait que je suis derrière elle, elle ne se retourne pas complètement, mon souffle (de cheval) suffit à savoir que je suis sur ses talons. Et là, j'ai réalisé à quel point le mental jouait dans une course. Je suis cette femme, qui va vite, je trouve qu'elle va super vite d'ailleurs mais je ne veux pas la lâcher, il nous reste quatre kilomètres, c'est peu mais encore tellement loin en même temps, ça commence vraiment à être difficile mais je veux continuer de suivre cette femme qui va vite car elle me motive, simplement. Les premiers escaliers de fin de parcours font leur apparition, des escaliers qui montent, montent, montent, des escaliers qui te cassent encore plus les jambes. Et, ô surprise, la femme me dit "Vous voulez passer ? Allez-y, passez" "oui, mais non, en fait, je vous suivais, vous allez vite". Alors, bien malgré moi, je reprends les devants, il reste un peu plus de deux kilomètres. C'est dur, j'ai mal aux pieds, les jambes commencent à se faire sentir aussi mais je pense à cette femme qui est derrière et je me demande si elle se dit elle aussi que je vais vite ? Je pense à l'arrivée qui ne va pas tarder. Je pense au village et à tous ces gens qui seront là pour nous accueillir. Je pense à mon mari, à mes enfants qui m'attendent (et qui doivent avoir faim, il est plus de 13h désormais).
Je n'ose pas me retourner pour voir si la femme est toujours sur mes talons. Mais je n'entends plus rien, l'aurais-je semée ?
Des escaliers, encore et toujours. On les avale, comme on avale ces derniers mètres, l’œil un peu plus rivé sur la montre.
Le port. Le port est là et avec lui les derniers escaliers, on grimpe et puis le panneau "C'est le dernier kilomètre, que du bonheur !" Ah oui, merci pour cet écriteau les organisateurs, ça m'a bien fait rigoler et maintenant, on y va, on ne lâche rien. On continue, inlassablement, même si je rêve d'arriver, tout de suite, maintenant. Un kilomètre, surtout le dernier, surtout sur Houat, c'est long, très long, sachez-le. Et puis Fiston, quatre-cents mètres avant la fin, il m'accompagnera jusqu'à l'arrivée. Sa petite soeur nous rejoint quelques mètres avant l'arche et je suis tellement fatiguée que je n'ai même pas pensé à leur prendre leurs mains.
Je franchis l'arche, 17 kilomètres, en 1h50 et 31 secondes.
"Anne-Claire qui nous vient du Cotentin, exprès du Cotentin pour le tour de Houat" dit le speaker.
Oui, on est venus exprès pour le Tour de Houat. On est venus et on ne regrette pas une minute. Houat, c'était beau, c'était difficile sur la fin mais c'était beau et c'était aussi faire honneur aux organisateurs que de terminer ce splendide tour et c'est encore un grand merci que je vous adresse aujourd'hui à tous.
Nous étions 400 inscrits. 349 coureurs termineront le trail.
Je termine 195ème et 12ème de ma catégorie sur 47.
Une nouvelle fois, je suis tellement HEUREUSE de cette performance.
Je méritais bien une galette saucisse et un grand rosé, non ?
Et retrouvez aussi par ici le compte-rendu de Marjolaine !