mercredi 26 octobre 2016

Le Marathon des Causses avec Polar France

Les 21, 22 et 23 octobre 2016. Le Festival des Templiers à Millau. 
La première édition des Templiers remonte à 1995 et c'est le mythique raid de 76km et ses 3550m de dénivelé positif qui fait la réputation de cet événement majeur et incontournable du monde du trail.
Depuis 1995, d'autres distances se sont ajoutées au fur et à mesure des éditions et ce ne sont pas moins de 14 courses qui étaient au programme cette année.
En juin dernier, je recevais l'excellente nouvelle de représenter la marque Polar pour la saison 2016-2017 avec en point d'orgue, une participation au Marathon des Causses du Festival des Templiers.
Dix semaines de préparation plus tard, c'est avec énormément d'excitation mêlée aussi à beaucoup d'appréhension que je rejoignais Millau vendredi dernier.

Vendredi soir, nous allions enfin mettre une voix, une personnalité sur des noms que nous avions vu passer depuis quelques semaines dans des échanges mails, des têtes défiler dans nos fils Twitter ou Instagram. On se présente, on discute de manifestations passées, de nos vies respectives, de notre gestion du temps pas toujours évidente entre la pratique de notre passion, nos vies personnelles et professionnelles. Il manquait un ambassadeur Polar autour de la table ce soir là : Stéphane était encore en train de courir sur le 100km parti le matin même. Romaric venait de terminer le 66km du jour et nous racontait la fameuse ravine verticale du presque final de la course sur laquelle nous repasserions le lendemain lors du Marathon. C'est ce récit (qui m'a terrorisée) de cette ravine verticale que je garderais en tête jusqu'au lendemain et que j'appréhenderais longtemps. Et c'est par ailleurs avec des doutes et de l'appréhension que je tâcherais de m'endormir cette nuit-là, une courte nuit de quatre heures qui laissera progressivement place à de l'excitation et une furieuse envie d'en découdre.

  • Jour de course

Réveil aux aurores. On peaufine la tenue, on a le temps. On attend le dernier moment pour aller petit-déjeuner, le départ de la course sera donné à 12h15.
Je retrouve alors Nicolas, ambassadeur de la marque, on discute un peu plus que la veille, il me rassure aussi car mes doutes ne se sont pas fait la malle avec la nuit mais de toute manière, qu'ils restent là, maintenant j'y vais et je vais leur montrer à ces doutes que la Normande du "plat pays" comme entendu sur place saura aussi gravir le massif des Causses.
Stéphane est là aussi, il n'a pas beaucoup dormi après son 100km mais "j'ai fait des étirements" (OK, vous voyez ? Stéphane, là, il vient de se manger 100 bornes, et il s'aligne donc tout à l'heure sur le 38) (plusieurs fois, je me suis sentie un peu OVNI, j'avoue, avec mes quatre petites sorties par semaine) (et mon plat pays donc).
Cyril de Polar et Philippe, le dernier ambassadeur que je n'avais pas encore cité, nous rejoignent aussi.
On s'alimente vraiment très bien, suffisamment à l'avance pour que la digestion soit effectuée à midi.
On quitte l'hôtel à 10h45 ET C'EST PARTI POUR LA FÊTE.
Oui, c'est tout bon, parties les appréhensions, on rentre dans le vif du sujet, toujours plus de coureurs à l'horizon et la voix du speaker qu'on entend de plus en plus près. ça court, ça se croise dans tous les sens, on sent l'excitation et qu'est ce que c'est bon.
On se retrouve tous sur le stand Polar qui expose sur le salon du trail qui a toujours lieu lors des Templiers, on échange un peu plus avec l'équipe, personnellement, je suis déjà plus détendue que la veille. Il est déjà temps d'y aller, direction l'extérieur et l'effervescence propre aux Templiers, direction le SAS où s'alignent petit à petit 950 partants pour le marathon.
J'ai même le temps d'aller retrouver quelques minutes Sandrine qui a couru le Marathon du Larzac la veille, quelques minutes précieuses de revoir une gentille personne rencontrée lors de mon premier marathon (sur routes !) en avril dernier. Je me dirige vers le SAS, souhaite bonne course à Nicolas qui se positionnera bien plus devant moi, je cherche à retrouver Laurence aussi que je ne retrouve pas mais cependant, j'entends mon prénom, vois de grands gestes d'une doudoune rouge sur la balustrade, c'est Régis venu tout spécialement du Cotentin avec deux autres copains et on est vraiment super heureux de réussir à se voir, je reste à ses côtés, ça me rassure d'échanger avec lui, il me rassure et je suis certaine encore une fois que ces mots d'avant course m'auront aussi apporté beaucoup d'énergie pour la suite.



  • Le maratrail
Oui, car remettons l'église au milieu du village, ils disent "marathon", OK mais déjà il ne fait que 38 kilomètres et avec un dénivelé positif de 1600m annoncé, vous imaginez bien qu'on ne court pas pareil un 42.195km, d'un 38km dans le massif des Causses...
L'ambiance est de folie lorsque le départ est donné, j'ai le sourire jusqu'aux oreilles et je savoure tous ces sourires qu'on voit tellement nombreux sur le bord de la route après le départ. Deux kilomètres à se mettre en jambes sur la route et puis on bifurque et on va rentrer rapidement dans le vif du sujet. ça commence à monter progressivement, puis la première vraie grosse montée et avec elle, les premiers écarts, les premiers souffles saccadés par ci, par là. On monte, je garde à l'esprit d'y aller plutôt tranquillement, de conserver mes forces pour le milieu et la fin de course pour ne pas arriver au même résultat que mon 30km au Tue-Vaques un mois auparavant. Je bois, même deux gorgées, mais boire, le garder toujours à l'esprit, et manger aussi un peu, même si tu n'as pas faim, surtout pour garder ses forces et se remplir d'énergie.
5 kilomètres en 46 minutes de course. Je fais alors de savants calculs, je me dis d'abord qu'ils sont loin mes 8,5km en 45 minutes habituellement et puis repense que je n'ai pas voulu m'encombrer de ma lampe frontale mais que finalement, il se pourrait peut-être que j'arrive à la nuit tombée ? Et tu vas la descendre comment ta ravine sans lampe frontale, hein ?
Allez, ça suffit, on n'essaie de ne pas trop y penser.
On arrive là-haut, c'est une des premières vues vraiment magnifiques, ces vues en contre-plongée sur la vallée du Tarn, beaucoup de trailers s'arrêtent pour les photos, j'en fais de même, trailer et profiter du paysage aussi, c'est chez moi indissociable.
Avant la Creysse et le premier checkpoint et ravito en eau, on s'engagera sur une première belle descente. Ce n'est pas toujours évident de trouver son rythme, notamment parce que certains descendent moins hardiment que d'autres, surtout lorsque cette madame discute avec son mec au téléphone et qu'elle bloque tout le monde derrière parce qu'elle a du mal en plus à utiliser ses bâtons (sans déc #hallu).
Après la Creysse, on remontera, on se retrouvera sur les hauteurs de la Forêt domaniale du Causse Noir, je vais commencer à courir plus franchement profitant de ces longueurs sur les sentiers. Je rattrape Stéphane qui m'interpelle puisque je ne l'avais pas reconnu, puis Romaric que j'interpelle à mon tour, je file. Je commence à avoir un peu plus froid : le tee-shirt commence à être juste, c'est le km 20, peut-être aussi que je commence à avoir la fringale, je ressors ma petite boite magique et croque quelques amandes et des M&M's.
Km 21, les premières crampes sur le haut des cuisses, oui, les Causses laisseront des marques momentanément indélébiles pour les jours à venir.
Km 23, le ravito allégé des Privats. Il faut avouer qu'il était plutôt loin ce premier ravitaillement, je l'avais anticipé et avais prévu ce qu'il fallait mais je peux comprendre que certains s'en plaignent un peu plus. Je fais une pause d'environ 5 minutes, le temps d'enfiler ma veste pour la suite de la course, de manger deux tranches de pain d'épice, un biscuit, une gourde de soja vanille et deux verres d'eau. Zou, on évite de trop se refroidir, on y va !
La forêt continue, le prochain gros ravito sera proche, au km 28, dans la ferme abandonnée du Cade. Il y a de quoi faire ici : différentes boissons mais surtout de l'eau gazeuse qui m'avait manqué au ravito précédent, et je raffole alors des TUC et des quelques barres de granola bien craquantes. Allez, il est presque 17h, on atteint bientôt les cinq heures de course, les jambes se font de plus en plus tendues mais tu te souviens qu'il te reste ta sacrée ravine, hein ? Pas le moment de relâcher quoique ce soit, pour la descendre du mieux qu'il soit, il faudra compter sur ta vigilance.

  • Le final
Photogaches.com

7 kilomètres. Je commence à décompter tout de même. Le ciel s'est assombri, on entend des coups de fusils aussi qui résonnent du côté de la Vallée de la Dourbie. Je continue de m'engager d'un bon pas sur ces derniers kilomètres, et puis arrive cette fameuse ravine. Bon, elle est moins boueuse que je me la suis imaginée, elle est pentue bien comme il faut. Je descends, concentrée, en regardant cet arbre là plus bas, en m'accrochant donc aux buis. Une descente empirique, où je m'élance de temps en temps. Deux bénévoles sont positionnés beaucoup plus en bas, la femme me lance "allez, elle est terminée". Je suis soulagée, soulagée de l'avoir passé celle-là. Je continue, je veux bientôt entendre le son de la voix du speaker, je veux me rapprocher toujours plus de l'arrivée, les émotions commencent à arriver aussi, 5h30 de course, la fatigue de la course, la fatigue mentale de ces dix semaines de préparation qui viennent de s'écouler. Les larmes arrivent mais avec elles un souffle saccadé, alors stop, on arrête, allez-vous-en les larmes, on verra cela après.
Et puis, on est partis à regrimper, on grimpe, on grimpe, ça continue, ça commence à me surprendre, ça grimpe vraiment beaucoup et je n'avais pas calculé cette remontée sur le profil du parcours. Et puis, ce mur, un mur d'escalade où il faudra bien s'agripper sur la roche et bien lever les cuisses pour arriver tout là-haut. Ce tout là-haut que je me refuserai de regarder, c'est très pentu, c'est un mur, c'est haut mais tu n'as pas le choix alors tu grimpes et ce n'est pas la peine de te laisser décourager en regardant quoique ce soit. Je grimpe, je me retrouve là-haut, quelle aventure ! On y retourne, on tâche de continuer de progresser plus rapidement, de retrouver un rythme de course convenable. Je m'élance, un peu trop, et je manque de tomber à deux reprises dans ces singles étroits et surtout près du vide. La deuxième fois, je me dis de me calmer, moins folle la guêpe, tu n'es plus loin  maintenant, ne va pas faire de bêtise. Et puis, arrivée ici, je ne comprends plus : ce n'était pas une ravine, mais bien deux et une deuxième bien plus compliquée techniquement que la première. Arrivée là, j'en ai marre, alors je descends certaines portions sur les fesses et prie les suiveurs de passer devant moi. Je me relèverais aussi et penserais à mon mari qui m'a toujours dit qu'il fallait que je m'élance dans les descentes : "allez, on y va, on essaie", je fixais encore cet arbre, ou ce buis, et j'atterrissais dedans de toute manière une fois élancée. En bas de la ravine, on retrouvera les coureurs de la VO2 trail de 19km, bien plus frais comme des gardons il va sans dire, le dernier 1,5 km, la dernière descente, on y est !!! On arrive, j'entends le speaker, c'est génial, c'était tellement génial en fait !
Après la descente, on bifurque, on remonte ces deux, trois allées et tous les supporters autour, je suis prise d'un regain d'énergie énorme, j'accélère beaucoup et franchi l'arche mythique en bois des Templiers après 6h17 de course. Manu Molle, notre photographe dont toutes les photos non créditées dans l'article sont de lui, est à l'arrivée, je suis heureuse de revoir une tête que je connais, les émotions débordent et j'ai du mal à avoir les idées claires, à parler, je veux profiter seulement de ce grand moment, je suis hagarde, regarde partout sans regarder quoique ce soit de particulier. Je ne sais pas trop où aller, je sors mon portable et m'isole et essaie d'appeler la maison sans succès (toi aussi, tu as un mari qui ne veut pas de portable ? Sinon, tente, tu verras, c'est pratique). Je remonte par là, il y a de la lumière, j'aperçois ce monsieur qui me dit de venir vers lui, il me passe ma médaille autour du cou, me donne un splendide tee-shirt manches longues de finisher aussi. Je rentre me restaurer. Nous sommes à Millau, Aveyron, je mangerais avec grand plaisir une grosse tartine de roquefort Société.
J'ai froid, je m'en fiche, j'admire Millau en bas, les tentes du salon du trail et je savoure seule pour quelques minutes ce moment unique.
Mon marathon de Düsseldorf est unique, mon Marathon des Causses et l'expérience d'un premier maratrail est magique. C'était beau, des paysages somptueux comme j'aime les admirer, c'était fédérateur avec toujours des coureurs à tes côtés, à se demander mutuellement si tout se passe bien, si tout va bien. 
De la beauté, des esprits fédérateurs et heureux, des sourires, un peu de compétition, du dépassement de soi.
Tout ce que j'aime dans le sport, tout ce que j'aime dans le trail.


  • Remerciements
Bien sûr, je me souviendrais toujours de Cyril, Noé, Soline, Matthieu, José, la très fine équipe de Polar France qui était à nos côtés lors de ce Festival des Templiers 2016 et qui nous a donné cette belle opportunité d'y participer dans de formidables conditions.
Un grand merci à vous, à Polar et New Balance qui nous avait équipés de la tête aux pieds pour l'occasion, à ma montre Polar V800 qui m'a accompagnée pendant ma préparation et sur le marathon, une montre très efficace et pratique dont je vous parlerai plus en détails dans un prochain article.
Merci à vous tous, à toutes ces étoiles que vous avez contribué à ajouter un peu plus dans mes yeux.
Merci pour ce week-end magique du début à la fin.
Bonnes continuations à tous, aux autres ambassadeurs également : Nicolas, Romaric, Stéphane, Philippe que j'espère revoir sur une course ou autre. Et à tous, sachez que le Cotentin n'est pas qu'un plat pays, je vous propose de venir quand vous voulez et vous en ferai une jolie visite guidée ;)
Et puis un grand merci à tous ceux qui m'ont supporté aussi dans ce très beau challenge : mes proches et vous tous derrière vos écrans qui n'êtes pas avares sur Twitter, Instagram, Facebook et consorts de commentaires et d'encouragements. C'est bien pour tout ça que les réseaux sociaux sont magiques aussi : une véritable énergie virtuelle à ne pas négliger.

VIVE LE SPORT, VIVE LE TRAIL, VIVE LES PASSIONNES !



Rendez-vous sur Hellocoton !