Le sport et moi, c'est une longue histoire.
Avant, on n'avait rien à faire
ensemble.
Petite, je voulais peut-être faire du
tennis. Parce que la copine en faisait. Mais ce peut-être a aussi
fait que comme je ne le désirais certainement pas plus qu'autre
chose, mes parents ont renoncé à m'y inscrire. Et puis ça coûtait
un peu cher, tout ça multiplié par quatre frères et sœurs, ça
aurait commencé à causer.
Je me souviens que maman me disait
souvent qu'elle aimerait que je fasse du judo, « si, du judo,
pour une fille, pour se défendre, ça servira toujours ».
Oui mais elle le disait souvent mais ce
n'est pas pour autant que je prenais ses paroles pour argent
comptant.
« Mouais, bof » a dû être
le genre de réponse que j'aurais pu lui faire.
Et puis est arrivé le collège. Mon
Dieu, le collège. J'aimais bien l'endurance, je sentais que je
n'étais pas si nulle. La gym, c'est une autre paire de manches.
J'étais tellement nulle que je me récoltais un 5/20, un 5/20 alors
que j'étais bien incapable de terminer correctement un agrès
tellement j'étais souple. L'objectif qu'on m'avait fixé en
cinquième était de savoir faire une roulade. Pour vous dire à quel
point j'étais souple. Cette note de 5, on me l'attribuait uniquement
parce que j'étais présente aux cours : même si je me
ridiculisais, je venais. Mes professeurs avaient pitié, c'était
certain.
Et puis sont arrivés mes 16 ans.
16 ans et la classe de troisième où un examen
avec une infirmière est obligatoire en fin de collège.
Et puis cette honte du chiffre sur la
balance, surtout la honte de ce que me disait l'infirmière.
Pour résumer, une bonne surcharge
pondérale.
Mon année de seconde fut une année
transitoire. Transitoire dans le sens où j'ai pris mon temps pour
perdre mes vingt-cinq kilos de trop.
J'y suis arrivée. Seule. En fin de « régime » , j'entendais souvent le mot
« anorexie» autour de moi.
Non, pas d'anorexie, juste une prise de
conscience, une prise de conscience que ma vie de tous les jours
serait un peu plus facile sans ces kilos en trop. Et à dix-sept ans,
elle devient d'abord plus facile avec les garçons.
Et puis, petit à petit, je me suis
inscrite dans des petits clubs de gym.
Le premier fut en BTS avec les copines
de promo, on y allait les jeudis soirs, on souffrait, je m'en
souviens très bien. Alors, pourquoi on souffrait ? On souffrait
parce qu'à l'époque, on ne prenait pas vraiment plaisir à faire du
sport : on y allait en bande parce que c'était plus motivant
mais l'heure nous paraissait bien longue, simplement parce qu'on n'y
venait pas pour le plaisir du sport. Du moins, pour moi, c'était ça.
J'en ai fait ensuite deux fois par
semaine lorsque je suis entrée dans la vie active, j'en garde un
meilleur souvenir, j'étais contente d'y aller et appréciais cette
sensation de bien-être d'après sport.
Et puis, à Barcelone, nous nous étions
inscrites avec ma « coloc-amie » dans un vrai club de
ville, ces clubs où ils te proposent plein de cours différents sept
jours sur sept. Un vrai bon souvenir, me lever le dimanche matin pour
aller nager, courir sur un tapis ou entendre des "un poquito más" à tours de bras, ne me posait pas de problème.
Et puis, il y a aujourd'hui.
Aujourd'hui, ma relation au sport est
telle que j'aurais bien du mal à m'en passer. Deux cours par semaine
dans un petit club de campagne mais cela dit très dynamique avec une
prof géniale qui nous fait bouger sur de la gym tonique le mercredi
(bodytonic, FAC, bodyform, step) et de la zumba le vendredi. Et puis
à côté de ces deux heures, il y a de temps en temps de la course.
Et de plus en plus souvent d'ailleurs. Tout simplement parce que le
sport m'est devenu quasi indispensable, le sport, c'est cette soupape
qui permet de mettre entre parenthèses pendant une heure en moyenne, son
quotidien et qui permet de relâcher cette pression inhérente à
notre société d'aujourd'hui et de se permettre pendant une heure de
ne penser qu'à soi et de mettre son cerveau au repos. Et bizarrement, mon addiction pour le sport a encore plus augmenté depuis que je suis maman.
Mon rapport au sport a changé :
A dix ans, il était inexistant,
A vingt ans, il était à mes côtés,
A trente ans, il est en moi.
Alors hier, lorsque pour la première
fois, je participais aux foulées de Cherbourg et que mon score à
l'arrivée était plutôt digne (7 km en un peu plus de 44 minutes), je peux vous assurer que je n'en
étais pas peu fière. Une auto-satisfaction bien réelle qui quelque
part m'a redonnée des ailes pour un moment.
Parce que ce large sourire que j'ai
arboré pendant de longues minutes après l'arrivée, il signifie
plein plus qu'une course achevée, ce sourire, c'est une vraie
victoire, une victoire et une revanche sur la vie
qui ne m'avait pas au départ prédestinée à être cette sportive épanouie d'aujourd'hui.
Comme quoi, persévérer mène à tout. Ou presque.