dimanche 19 juillet 2015

Course à pied plaisir, course à pied besoin. Une question d'auto-contrôle.

Courir, c'est bien, c'est très bien même. La course à pied, c'est un échappatoire, un moment rien qu'à soi qu'on s'accorde 2 à 3 fois par semaine en moyenne, depuis un peu plus de deux ans. Du plaisir avant tout, profiter de mettre le nez dehors, d'être dans la nature, de vider toutes les anxiétés et autres que tu peux accumuler dans le quotidien.
Le plaisir, le loisir, c'est l'étape 1 de la course à pied que tu as réussi à franchir, tu ne peines plus à courir, il est bien loin le temps où tu as d'abord couru par séances de 15 minutes pendant trois sorties, et puis 20 minutes les trois sorties d'après et ainsi de suite en arrivant à courir 45 minutes sans avoir trop de mal.

Et puis, il y a le dépassement de soi. Tu ne cours pas pour le chrono, tu cours pour le plaisir avant tout. Mais il faut bien avouer qu'à force de cargaisons d'endorphines qui sont larguées à chaque sortie, force est d'avouer que tu en redemandes toujours plus.
Tu ne cours pas pour le chrono mais tu cours quand même avec ton application dont tu détailleras les moindres informations après ta course. Tu seras surprise souvent, d'avoir couru tel rythme alors que tu étais bien fatiguée ou que tu souffrais de la chaleur (si, si, c'est pas parce que j'habite dans le Cotentin qu'il n'y aurait pas des pics de chaleur aussi) (peut-être parce que je vais aussi souvent courir à midi). Tu seras surprise des kilomètres accumulés en fin de mois. Tu seras surprise finalement de ton évolution au fil du temps.
Et puis, tu n'es pas seulement connectée à ton appli. Tu échanges aussi beaucoup avec tous tes copains runners, tu as les yeux qui brillent quand tu regardes leurs belles sorties et leurs larges sourires de satisfaction après leurs courses. Tu en as rencontré certains aussi, c'était bien et on se demande "quand est-ce qu'on se revoit ? Faut qu'on se refasse une course".
Et puis tu t'équipes encore plus, ta garde-robe running n'a pas encore atteint le niveau de ta garde-robe du quotidien mais bon, ça commence à prendre sacrément de la place tout ça. La première chose que tu as acheté d'ailleurs pour ces soldes été 2015, c'est d'abord une nouvelle paire de chaussures taillée pour un marathon. Ah, ça aussi, c'est une autre étape franchie : de se dire que toi aussi, tu pourrais la tenter cette expérience marathon : pourquoi pas ? Tu achèteras d'ailleurs ton premier magazine orienté marathon et pour les vacances, tu vas te commander ce bouquin, ou celui-là (ou les deux) parce que maintenant, le marathon, c'est dans ta tête (et qu'une fois que ça y est, te connaissant, ça m'étonnerait que ça ressorte).
Mais revenons au dépassement de soi. 
Les mois de mai et juin sont très bien pour cela : c'est la période de l'année où vous trouverez pléthore de courses officielles à plusieurs kilomètres à la ronde. Avant la fin de l'année scolaire, tout le monde répond encore présent, tout le monde est en forme, du moins au taquet (comme le sont les enfants surexcités de partir en grandes vacances) et se fixent de vrais challenges avant de partir eux aussi en vacances (qui seront nettement moins longues que les enfants mais on prend quand même volontiers). Alors tu t'inscris à ça, ça et ça, voire ça, tu refuses à contre-cœur un dossard pour les 10 km de L'Equipe à Paris le 14 juin dernier parce que tu ne peux définitivement pas tout faire mais ça te frustre un brin tout de même et tu essaies de limiter aussi tes participations pour ne pas te fatiguer de trop, mais là encore, ça te frustre un peu beaucoup.
Et puis alors, tu fais tes courses, tu enchaînes tes entraînements, tes courses officielles, tout ça pour arriver à faire ça. C'était mon challenge de ce début d'été, je suis officiellement Barjo, je suis heureuse, j'ai pris du plaisir et je pense aussi, et c'est assez nouveau de penser ça, que j'ai été capable de faire ça, de terminer un trail de ce type, un trail réputé costaud. J'en ai été capable et j'en suis fière.

Se dépasser, ne pas s'épuiser.
Je me suis donc dépassée. Je me dépasserais aussi six jours plus tard quand je bouclerais le semi-marathon des Vikings en deux heures.
Semi-marathon des Vikings 2015

Après les 27 kilomètres de la Barjo, et un dénivelé de 750 m qui est loin d'être anodin, ce n'était pas rien ce semi. J'ai eu chaud mais cette course de deux heures est finalement passée relativement vite et je n'ai pas souffert sur le moment.
Six jours après la Barjo, je domptais aussi un semi-marathon. J'ai enchaîné costaud et j'ai encore réussi.
Vlan, encore une grosse dose d'endorphines. Et encore de la fierté.



Les endorphines, c'est très bien, on est sur un petit nuage pendant quelque temps et tous les vilains côtés de la vie te coulent un peu dessus. Tu es dans ton monde de bisounours en quelque sorte.
Mais méfiance tout de même. L'épuisement n'est jamais loin, surtout quand tu enchaînes comme ça.
L'épuisement et l'engrenage ne sont jamais loin, cet engrenage qui fait que tu réussis, que tu es tellement bien, que tu veux presque aussitôt recommencer.
Méfiance car ces dernières semaines, comme je l'ai écrit plus haut, c'est aussi un peu plus souvent de la frustration que j'ai pu ressentir. Frustration de ne pas être sur telle course, frustration de ne pas pouvoir finalement aller courir ce soir parce qu'il y a également ta vie à côté, que ta vie elle est loin d'être linéaire et qu'il y a souvent des imprévus qui peuvent aussi t'empêcher de pratiquer tes loisirs.
Se pose justement la question de savoir si la course à pied est restée un loisir ? N'est-ce pas devenu un besoin quelque part ? Ce besoin d'y retourner encore plus, de sortir toujours plus au point de se sentir plus frustrée dernièrement.
Méfiance. La frustration a pointé le bout de son nez.
Méfiance. Oui, même le rosé d'été, il a pu avoir un goût amer dernièrement : non, je ne boirai pas un verre pour me détendre en semaine, ou un troisième verre ce soir de week-end parce que je cours demain matin. 
La limite n'est pas très loin, cette limite où tu bascules dans la course-à-pied plaisir, à la course-à-pied besoin.
Cette limite que j'ai beaucoup perçu dernièrement, cette limite qui a été aussi matérialisée par ces sautes d'humeur ou cette impatience parce que je ne courais plus suffisamment.
Cette limite qui m'a soufflée mot dernièrement qu'il fallait aussi savoir se reposer parce qu'en fin de compte, trop, ça devient trop et qu'il est temps de lever un peu le pied. Parce que tu es déjà bien épuisée de tout mener de front dans le quotidien et que la course à pied te puise aussi le peu d'énergie qu'il te reste.
La course a toujours été un plaisir et doit le rester.
Elle doit le rester pour soi, pour que tous ces points noirs évoqués ci-dessus disparaissent mais elle doit surtout le rester pour les autres, pour continuer de profiter des siens, d'être avec les siens, bien avant d'être sur les chemins, pour ne plus culpabiliser de boire un ou deux verres de rosé complémentaires.

C'est l'été, il est temps de relâcher, de profiter : il nous arrive bien assez souvent d'être frustré le reste de l'année.

Comme dans la vie où on pourrait quelquefois basculer dans le côté un peu plus obscur des choses, il faut savoir aussi faire preuve de contrôle et connaître les limites.

S'auto-contrôler pour ne pas basculer.
"Follow the Leader". Ou pas.

Mes prochains rendez-vous 100% plaisir : 

  • Le Tour de Houat fin août, un trail de 17km qui fait le tour de cette île du Golfe du Morbihan parcours qui sera forcément bien magnifique. J'ai également hâte de rencontrer Céline et Marjolaine que je lis depuis bien longtemps pour l'occasion.
  • La Siouvillaise, une semaine après Houat, toujours en bord de mer. Distance de 10 ou 16.5km à confirmer.

D'ici là, bel été à tous, courez éventuellement mais profitez, surtout.
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