La vérité du dimanche matin.
Je le sais bien, je me fais aussi la réflexion de temps en temps : j'avais beaucoup plus de joues avant.
Avant, c'est avant la course à pied.
Quand je regarde les photos seulement quatre à cinq ans en arrière, c'est certain qu'il y a un changement. Je suis moins certaine de paraître moins radieuse cependant, ce n'est pas parce que tes joues se sont fait la malle, que tu fais plus la gueule. Je peux comprendre néanmoins que les proches puissent se poser des questions notamment lorsque le changement qui s'opère est physique.
Des questions, j'en avais déjà eu à revendre dix-sept ans en arrière lorsque je décidais un beau matin de m'attaquer aux vingt-cinq kilos en trop, lorsque je décidais de rendre ma vie un peu plus facile (et pas seulement à cause des garçons : à l'époque, j'avais seize ans). Quand j'ai atteint mon objectif neuf mois plus tard, il a aussi fallu que je compose avec les remarques des uns et des autres : combien de fois ai-je notamment entendu que j'étais anorexique.
C'est comme ça dans la vie. Tu as beau prendre cette direction, modifier un peu ton train de vie pour rendre ta vie meilleure, en tout cas plus confortable, certains de tes proches auront toujours quelque chose à dire. Peut-être parce que le commun des mortels est un peu allergique au changement. Je le pense en tout cas et je suis sûre que si vous regardez un peu autour de vous, vous verrez les réactions provoquées par telle ou telle évolution.
Je sais bien que cette personne n'a pas dit cette phrase méchamment ce matin.
Je sais bien ce qu'elle a voulu dire et je comprends qu'elle puisse être éventuellement inquiète.
Il y a pourtant un beau paradoxe : OK, j'ai peut-être les traits du visage plus marqués (entre temps, un deuxième enfant est arrivé, ce n'est pas comme si on restait dans le canapé une grosse partie de la journée et puis on a pris cinq ans de plus aussi) mais pour autant, je crois que je n'ai jamais été autant maître de moi-même, que je n'ai jamais autant su ce que je voulais, que je n'ai jamais été aussi sereine. La trentaine et la sagesse aidant aussi.
On court beaucoup, on passe les trois-quarts de notre temps au bureau, on est fatigués souvent.
Mais les enfants grandissent, sont plus autonomes et pour ma part, je m'épanouis encore plus dans la course à pied, dans ce temps octroyé rien que pour moi.
Je suis creuse, éventuellement moins radieuse, j'ai même perdu ma poitrine à cause de la course pour tout vous dire mais j'ai gagné en sérénité.
On ne peut pas gagner partout, tout le temps.
Le changement physique mais le chemin de vie qui évolue, tout simplement.
Le changement physique mais le chemin de vie qui évolue, tout simplement.