Je rêvais de Californie, d'Amérique latine, de Japon. Partir genre vraiment loin dans un endroit très différent de tout ce qu'on avait pu connaître jusque là. Je rêvais de plein d'autres destinations aussi, de toute façon, tous les endroits me font rêver je crois.
Toi non. Tous les endroits ne te font pas rêver. Les trois premiers plus haut, sans plus. Tu es un peu difficile quand même. Ou bien tu te contentes de vraiment peu. Oui, c'est ça, tu es toujours heureux n'importe où que tu sois, ça t'est égal, il n'est pas nécessaire d'aller à l'autre bout de la planète.
Mais quand même.
On voulait un voyage après ce mariage et on s'est dit que ce serait l'occasion de connaître enfin le soleil en plein hiver.
Bien sûr, entre temps, on a encore énuméré plein de destinations, ou plutôt, j'ai énuméré toujours plus de destinations : "oui, l'Islande, ce pourrait être drôlement bien aussi" , "oh là, là ce combiné Floride-Bahamas, c'est quand même géant", "Et le Canada à l'automne?". Oui, même s'il n'y avait pas le soleil, on tentait quand même.
Mais finalement, tu avais quand même une idée bien précise.
"Je veux une île, et ne rien faire."
Ne rien faire. Le voilà le hic. Ne rien faire, ça me ressemble tellement pas. Ne rien faire, ça m'arrive tellement peu souvent, simplement parce que je ne sais pas "ne rien faire". Et puis le voyage, c'est particulier je trouve : à quoi bon allez dans tel ou tel endroit si c'est pour rester entre les quatre murs d'un bel hôtel, d'un club chic ou d'une villa et appréhender bien mal le pays dans lequel on séjourne ?
Le voyage, c'est la découverte. La découverte de nouveaux endroits, de nouvelles personnes, d'autres cultures, d'autres traditions.
Le voyage, c'est cette différence enrichissante entre ta propre vie et la vie de l'autre chez qui tu vas.
Le voyage, c'est d'avoir les yeux bien ouverts à mesure que tu vis toutes ces choses très particulières et très nouvelles.
Le voyage, c'est cette parenthèse nécessaire de ton quotidien qui fait que plus tu pars, et plus tu veux repartir.
Le voyage, c'est partir pour découvrir. Et la découverte était jusque là, c'est vrai, indissociable pour moi d'une to-do list que tu noircis au fur et à mesure de tes lectures sur la toile. Des conseils chipés ci et là, des bonnes adresses, les incontournables, les tables à ne pas manquer,...
Alors, lorsqu'au terme de ce lundi où je me laissais la journée pour dégoter les meilleures offres sur Voyage Privé ou Vente Privée, en notant les quatre propositions, j'ai su tout de suite ce que tu préférerais.
Huit jours à Maurice
Huit jours en Jamaïque
Huit jours en République Dominicaine
Huit jours à Hong Kong
Je t'ai d'abord annoncé Hong Kong. C'était celui pour lequel je penchais. Oui, la grande ville, les lumières partout, plein de choses à faire et cette culture asiatique à découvrir, une première pour nous. J'ai noté l'offre même si je connaissais ta réponse. D'ailleurs je t'ai même fait croire au départ que j'avais réservé là-bas. La bonne blague. Et puis ta tronche, un peu quand même. Mais, ça n'a pas duré longtemps. Je la connaissais d'avance ta tête. Et ta réaction. Non, non, on n'allait pas refaire un New-York à être toujours partis, à marcher comme des dingues et à ne pas se reposer une seconde.
Certes.
Alors, j'aimais bien aussi la Jamaïque. Parce que là aussi, il y aurait quand même de belles excursions à faire.
Et puis, on s'est finalement accordés sur la Rép Dom. Un très bel hôtel. Plein d'activités sportives. Un spa. Loin des spots très touristiques. Sur une presqu'île, au coeur d'une jungle, à huit kilomètres de la civilisation.
Alors, j'ai regardé sur la carte. Je me suis dis que c'était un peu loin de tout peut-être. Et puis alors ? Tu me le disais assez depuis quelque temps : "c'est un voyage de noces, il faut qu'on se repose un peu, non?"
Finalement, se laisser porter, ne plus réfléchir au programme, à ce qu'on mangera ce soir, effectivement, ça peut aussi être bien. Et très bien même.
Je pense beaucoup aux massages, aux activités sportives, aux cours de salsa, de bachata ou de merengue qu'on pourra essayer. Je pense à cette plage, à ce coin d'ombre où j'avalerai encore deux ou trois bouquins. Je pense quand même qu'on sortira une journée : on peut aller voir les baleines, on peut faire une rando quad ou il y a de grandes cascades au bout de la Presqu'île. Et puis, je pense à nous car il n'y aura à penser qu'à nous finalement.
Tu sais, en fin de compte, je crois que tu avais raison.