Quelque part au bout du monde, il y a cette maison où tu te sens bien, pas celle où tu vis et dans laquelle tu vis déjà bien mais celle où tu lâches prise bien plus facilement.
Cette maison, c'est la maison du bon dieu.
Parce que c'est une maison accueillante, parce qu'il y a toujours au moins un sourire permanent.
C'est une maison qui grouillait de petits enfants : une sœur et ses trois frères. Aujourd'hui, tout le monde a quitté le nid mais la maison grouille désormais de chats. Il y en a un peu beaucoup, il y en a cinq.
Dans cette maison, on se laisse porter, on ne pense plus qu'on a ça ou ça à faire. On prend le temps de se poser, de se reposer, de bouquiner, de regarder tout simplement et uniquement la flambée depuis le canapé.
Trois jours après être arrivés dans cette maison, on s'exclame "mais, les enfants ne se sont pas brossés les dents depuis trois jours, non ?". Oui, on avait simplement oublié.
Ces objets étranges, plutôt kitsch, qui n'auraient pas de place dans ton chez-toi mais ici c'est différent, c'est la maison du bon dieu, ils se fondent parfaitement dans le décor. Comme cette pendule de la Vitrine Magique où toutes les heures à partir de sept heures, on a droit à un nouveau cri d'oiseau.
Et maman dit que mon frère est vraiment épaté par cette pendule : "Oui, je t'assure, il l'adore, elle sera pour lui quand je ne serai plus là". Oui, c'est le genre de discussions improbables que tu as régulièrement dans la maison du bon dieu. Et des discussions qui fusent pas mal aussi de temps en temps, c'est normal, il y a des caractères particulièrement affirmés qui passent dans la maison du bon dieu.
Il peut y avoir aussi ce genre de phrases : "Tu n'oublies pas d'allumer le four à 10h30". "Mais, c'est pas vrai, vous avez une horloge de bouffe dans le cerveau". C'est ce que j'ai répondu car la maison du bon dieu, on y mange tout le temps, et on y mange bien, encore une de ses caractéristiques.
La maison du bon dieu, c'est le point de ralliement, le point de rencontres : on y retrouve tout le monde alors qu'on regrette le reste du temps de ne pas voir plus souvent un tel ou un tel. Ne pas voir son frère en-dehors de cette maison, il n'y a pas d'excuse pour ça. Une fratrie, c'est trop fort, on ne doit pas passer à côté. Alors, heureusement la maison du bon dieu est là. Pour au moins raconter les nouvelles, pour au moins une rencontre inopinée.
La maison du bon dieu, c'est aussi le refuge des chats. Il y en a cinq, quelquefois plus, faut pas croire, même les chats se rendent compte que c'est le paradis ici : vous vous lèveriez vous, à cinq heures du mat' parce que c'est l'heure de manger pour les cinq chats à la fois ? Moi non, mais la maison du bon dieu, oui. En fait, les enfants sont partis mais maintenant il y a les chats qui coupent leur nuit (car je ne vous raconterai pas l'histoire de la chatte qui miaule à la mort en pleine nuit au beau milieu du salon) (parce que elle, elle ne s'entend pas miauler, elle est sourde).
La maison du bon dieu, c'est simplement la maison familiale.
La maison du bon dieu, il n'y a pas au-dessus.
La maison du bon dieu, c'est une autre maison du bonheur.
La maison du bon dieu, c'est une autre maison du bonheur.