Pfiouuuuuu. Je pense que c'est certainement encore dans le chaud de l'action qu'il faut mettre à plat ses impressions concernant une course.
Ce matin, j'ai participé au trail de 15 km organisé par mon petit village. Il y avait aussi un autre trail de 25 km et puis des randos VTT, et puis des marches. Mais j'avais déjà participé à un premier trail en mars dernier, alors j'allais récidiver avec trois km supplémentaires et un peu plus de difficultés.
Pourquoi plus de difficultés ?
Le trail de 12.2 km de Cherbourg était composé de 50% de chemins, 50% de route.
Le trail de mon village était composé de 80% de chemins, 20% de route. Je m'en doutais car je vois bien où je cours chaque semaine, il y a beaucoup de chasses tout autour de la maison mais quelque part, je n'y pensais pas trop pour ne pas non plus me mettre la pression à me dire que "ça sera dur, et bla, bla,bla". Non, on a laissé venir le moment, on s'est entraîné chaque semaine correctement et je suis même allée faire un entraînement il y a dix jours sous la pluie battante au cas où la météo ne serait pas top le 1er mai. Eh eh ! Bien m'en a pris ! Ce matin, à 7 heures, avant que le réveil ne sonne - oui, avant une course, selon les personnes, on peut être plutôt un peu stressé, se réveiller plusieurs fois dans la nuit et se réveiller avant le réveil - il pleuvait. Tant pis, je m'en fichais, c'était annoncé, je m'étais entraînée pour et comme dirait ce cher Mike, ancien compétiteur cotentinois avec qui je n'aurais pas eu l'occasion de faire une sortie avant qu'il ne quitte notre belle région : "un trail sans boue, c'est un Champagne sans bulles".
Et c'est qu'il a bigrement raison. Mon premier trail à Cherbourg, c'était top parce que c'était mon premier, qu'il faisait bon et que c'était sympa mais il faisait sans doute trop beau : bien trop peu de glissades, de bouillasse, d'imprévus sur la course.
Ce trail dans mon village était très différent.
Il a plu beaucoup et j'ai du me prendre au moins deux vraies douches, ça ruisselait de partout.
Il y avait beaucoup, beaucoup de gadoue, je ralentissais au départ car mince quoi, mes godasses corail, elles ne vont plus ressembler à rien. Mais en fait, c'est tellement le Graal (désolé, c'est le seul mot qui me vient en ayant entendu cette chanson au minimum trois fois dans la tente après la course) de croire qu'on maintiendra ses godasses à peu près propres alors qu'il a plu beaucoup trop ces derniers jours, tellement plu que la plupart des chemins sont tous détrempés.
En franchissant la ligne de départ, ça commencait, ce chemin d'habitude plutôt sec, était déjà complètement boueux, ça annonçait la couleur. On a fait cinq kilomètres comme ça, à se mettre en jambes, avant de dépasser les randonneurs de la marche des 10 km sur une longue voie faite de caillasses. Ce moment de course a été celui que j'ai le moins apprécié : on partageait donc cette voie avec les randonneurs, il fallait donc les doubler et on a beaucoup zigzagué car à défaut d'entendre que je soufflais plus fort pour comprendre qu'il y avait un coureur qui arrivait derrière, les marcheurs restaient pour certains en ligne de quatre et hop, on allait dans le fossé pour les dépasser avant de se retrouver pour un moment dans la voie avant de retourner dans le fossé un peu plus loin. Dans l'ensemble, cependant, je soufflais assez fort pour que les randonneurs s'écartent d'eux-mêmes.
La caillasse, c'est aussi un peu traître. Au départ, t'es content, t'es comme une gamine qui saute sur les pierres et qui fait attention aussi à ne pas se fouler quoique ce soit, mais les caillasses, c'est aussi le prix d'un bon mal de dos si tu abuses un peu trop de jouer à la gamine. Ta course est biaisée, c'est irrégulier et tu ne retombes jamais de la même manière sur tes pieds. Bref, mon dos me dit un peu "hello!" six heures après la course.
Le ravitaillement. J'y ai pensé dès cinq kilomètres, je n'étais pas encore complètement dans la course, je devais commencer à avoir la gorge sèche. Et puis au détour d'un virage, comme inespéré, le point ravitaillement, au huitième kilomètre environ. Monsieur le maire était là, une autre personne de connaissance :
" - je vous dis bonjour de loin, hein!"
"- Alors, ça va, pas trop dur ?"
"- Jusque là, ça va, on va boire un coup, ça va faire du bien".
Un quartier d'orange, deux abricots secs et un coca plus tard, j'étais repartie. Juste pile poil au moment de la seconde douche :-D
On continue, le moral est plus haut, on a fait la moitié, on s'est ravitaillé donc son corps a repris des forces aussi. Et on court, on saute par-dessus les flaques, on glisse, on évite un peu les grosses mares.
Puis, on arrive après un pont, ce fameux pont où nous attendra une grosse montée sur route. Mon mari m'avait dit que ce serait la principale difficulté du parcours selon l'organisateur du trail. Alors, on prend cette montée bien préparée psychologiquement "mais non, ça va aller, on va se la faire cette montée". Et puis, alors que j'étais bien dans ma montée, ô surprise, je vois ma flèche orange qui me signale qu'il faut aller à droite dans cette chasse. Mouais, super la montée à se faire, la pire difficulté, tu n'avais pas tous les tenants et aboutissants, hein. Alors, je m'engage dans cette micro-chasse qui se rétrécit à vue d’œil, on voit qu'il y a eu du boulot de tronçonnage, il y a peu de branches mais par contre de la gadoue, à la pelle ! Par contre, l'organisation a du avoir pitié de nous et avait mis en place une dizaine de palettes en bois pour ne pas qu'on disparaisse non plus sous la gadoue. On se refait peut-être trois kilomètres comme cela, dans des petites chasses, très glissantes. Mes jambes commencent à flancher un peu je crois, comme si elles tenaient moins bien mon corps, des jambes en coton. "Allez, on va y arriver !" je garde un oeil sur les éoliennes qui indiquent le point de départ mais aussi d'arrivée. J'entends onze heures sonner à l'église, ça fait 1h10 que je suis partie, allez, il doit me rester une demie-heure ?
Et puis, on se retrouve dans des chemins plus familiers, on revoit un peu plus de maisons, plus de VTT.
Allez, encore un effort, on y est presque.
On tourne dans un dernier chemin qui annonce l'arrivée à moins de deux kilomètres, encore de la caillasse que j'ai senti encore plus passer. Et puis cette montée familière, on y va, on l'attaque comme il se doit et après c'est la ligne droite vers l'arrivée.
Et cette ligne droite. Et la vision de la ligne d'arrivée ! Allez, un dernier effort, on court un peu plus vite !
On y est.
15km en 1h43. 15 km pluvieux, boueux mais heureux. A partir de là, j'avais beaucoup moins mal au ventre (pour certaines personnes, les avant-courses sont aussi toujours terribles à ce niveau) et le week-end, que dis-je les vacances ! pouvaient commencer comme elles se doivent avec les voisins, les copains, les amis et un peu de famille <3