Une présence.
Tu faisais partie de notre environnement, quand on regardait notre jardin, on te regardait souvent aussi.
Tu étais notre voisin mais bien plus que ça, un voisin avec lequel on adorait échanger, avec lequel on parlait de la pluie, du beau temps, et de tellement d'autres sujets aussi.
Tu aimais les enfants, tu parlais souvent avec les nôtres par-dessus la haie et souvent, nos enfants nous parlaient de "M." une fois rentrés dans la maison.
Remarque, toi et ma moitié, vous vous étiez bien trouvés : vous étiez tous les deux passionnés par votre jardin, vous en parliez, vous vous donniez des coups de main et vous deviez aller prochainement ensemble chercher un peu de varech à la plage.
Quand on partait en vacances, on savait que tu serais là, que tu aurais un œil vigilant sur la maison, que tu viendrais voir si tout allait bien.
On te voyait plus souvent à la belle saison, on sortait tous un peu plus et puis quand tu allais fermer ta serre le soir, on était souvent là, à l'arrière de la maison, à boire un verre ou dîner, alors on discutait encore, parce qu'on avait toujours un truc à se dire.
L'été dernier, on a d'ailleurs goûté les tomates-cerises et les concombres de ta serre, qu'est-ce que c'était bon, ça te faisait plaisir de partager.
Et puis Florette. Elle va te chercher ta Florette. Comme elle cherche les enfants lorsqu'elle vient montrer sa tête au-travers de la haie.
Et s'il n'y avait que Florette. On va tous te chercher, tu étais toujours là, cet homme à côté de chez nous, cet homme qu'on voyait très souvent depuis notre jardin, cet homme qui était toujours là pour donner un coup de main.
Hier soir, je crois que je n'ai pas tout de suite réalisé. J'ai vu ma moitié pleurer mais dans ces cas-là, l'autre moitié évite de pleurer, pour être là pour l'autre.
Ce matin, j'ai regardé ton jardin différemment, j'ai pensé à ta femme, à tes enfants, à ta maman qui pleure son fils de 62 ans.
Tu avais encore des années devant toi, des années à profiter des tiens, des années à profiter de la vie comme tu le faisais malgré les coups durs de la vie qui vous touchaient souvent.
Ce midi j'ai réalisé, je me suis retrouvée dans cette grande serre seule, j'ai pris cette plante pour toi, pour que tu restes présent dans ton jardin encore plus. Cette plante que j'ai regardé bien trop en conduisant, cette plante que j'avais posé sur le siège passager, cette plante qui m'a rappelé à toi et qui t'a aujourd'hui remplacé.
Tu t'appelais M., tu étais quelqu'un en or, toute notre famille t'adorait et qu'est ce que tu vas nous manquer.
Cher M., repose en paix.