S'il y a bien une info que j'avais manquée, c'est celle-là : à la rentrée 2012 aux Etats-Unis, certains Etats laissaient le choix aux élèves d'apprendre à écrire en attaché ou non. L'idée chemine de plus en plus outre atlantique parce que finalement, aujourd'hui, qui écrit encore ?
C'est un bien large débat que celui-ci.
Car de la même manière que les tablettes remplacent les livres, il parait que nos claviers vont progressivement remplacer nos crayons.
Aujourd'hui, on écrit moins. C'est bien vrai. On écrit pour la liste des courses (non, je ne veux pas me plier à enregistrer ma liste sur mon smartphone), j'écris des petits mots pour mon amoureux qui se lèvera quelquefois après moi, j'écris sur des cartes postales (mais de moins en moins aussi parce que les cartes arrivent bien après ton retour maintenant, concept), j'écris dans un carnet depuis quelques mois, un carnet où je résume les livres que je dévore.
Parce que j'aime bien écrire. Tout comme j'aime lire.
J'aime lire mais lire du papier. Contre rien aujourd'hui, je ne voudrais remplacer mes livres contre une tablette. On m'a plusieurs fois démontré que "si, c'est drôlement bien, tu peux régler ton intensité lumière, tout ça, ça ne fait pas mal aux yeux".
Oui mais non.
Lire, c'est le plaisir d'être dans le fond de chaque page, de sentir le papier au bout de ses doigts, de sentir l'odeur de l'imprimerie, de s'endormir doucement le soir.
Ecrire, c'est aussi toutes ces petites particularités qui font qu'un monde sans écriture me paraîtrait bien terne.
L'écriture, c'est sa personnalité parce que personne n'écrit comme l'autre.
L'écriture, c'est une culture aussi parce que les Américaines n'ont pas les mêmes formes d'écriture que les Françaises, ou que les Allemandes. Cette constatation, je l'avais faite dans mon époque d'adolescente (il y a quinze ans, je sais), cette époque où j'avais mes "corres" et où on s'écrivait beaucoup beaucoup. D'ailleurs, j'avais aussi une correspondante grecque, et là encore, l'écriture était si distincte, très proche du grec ancien dans les formes.
Alors aujourd'hui, certes, on écrit beaucoup moins. J'aime beaucoup écrire, j'ai ouvert mon blog pour écrire, on écrit donc depuis un clavier, on écrit des mails, on envoie des SMS.
Mais écrire sur le papier, c'est ce moyen d'expression à portée directe.
Si on ne sait pas s'exprimer par la parole, on peut s'exprimer en écrivant, un morceau de papier, un crayon et hop, on se décharge.
Tu voyages, tu vois plein de choses, tu n'es pas toujours censé avoir ton smartphone ou ton ordi avec toi (et c'est ça le voyage et les vacances pour moi, s'éloigner un peu du quotidien et donc de tous nos écrans et claviers), mais tu peux toujours emporter un carnet et un crayon.
Lors de notre séjour à New York, j'avais justement préparé notre voyage en écrivant tous les conseils que je pouvais avoir et lire de-ci de-là, sur un carnet Moleskine. Des carnets très bien fichus qui deviennent très personnels et si pratiques sur place.
Aujourd'hui, imaginer un monde sans écriture cursive, c'est imaginer un monde robotisé.
Parce que l'écriture, c'est tout simplement notre personnalité et un moyen d'expression direct et simple.
Aujourd'hui, j'aime regarder mon fils rentré au CP s'appliquer à écrire en attaché.
Aujourd'hui, j'ai encore deux gros et lourds cartons remplis de vieux cahiers de ma scolarité que j'ai voulu garder. Deux gros cartons que je n'ai jamais pris le temps de déballer parce que depuis onze ans que j'ai un chez-moi, je voulais me poser pour de bon pour les redécouvrir enfin.
L'année prochaine, nous devrions avoir un bureau. Et bien mes cartons, je les déballerai et mes anciens cahiers remplis d'écriture, ils auront une place de choix dans ce bureau parce que je serai bien fière de les partager avec mes enfants, de leur montrer ce que maman faisait à leur âge.
Obsolète moi ? Peut-être. Effectivement, je ne suis pas sûre que beaucoup de personnes restent attachées à leurs vieux cahiers.
Il n'empêche que pour moi l'écriture n'est pas obsolète et tant que je pourrais en faire profiter mes enfants et qu'ils apprécieront, je le ferais tellement volontiers.