Ma toute petite, je me souviens le printemps il y a trois ans, il faisait si beau, il faisait même chaud, je traînais mon pas si gros bidon partout et faisait un maximum de marche et de promenades en me disant que ce deuxième accouchement serait semblable au premier : serein, naturel, quasi une formalité.
Ma toute petite, malgré le fait que je t'avais chuchoté que "s'il te plaît, arrive en retard si tu veux, mais n'arrive pas pendant Pâques". J'aime tellement aller à la chasse aux œufs dans le jardin et manger du chocolat toute la journée, ça m'embêterait vraiment. Mais ma toute petite, tu avais déjà ton petit esprit de contradiction, c'est toi qui déciderais quand tu arriverais, pas moi, et il y a trois ans, je passais donc mon week-end de Pâques à la maternité.
Ma toute petite, le temps est passé bien vite, on est déjà arrivé là, là, trois ans après avec toi qui répète un peu trop dernièrement le mot "école", tu as bien compris qu'enfin tu irais à l'école en septembre, tu nous le répètes beaucoup, beaucoup à nous qui accusons un peu le coup du temps qui passe, à nous qui réalisons qu'il y a quatre ans, c'était aussi ton grand frère qui ferait sa première rentrée dans cette école.
Ma toute petite, pendant ces trois années, on aura profité de toi, on aura profité de ton frère, on aura profité tous les quatre. Il y a trois ans, on a fait le choix de travailler à temps partiel, ou plutôt papa dans un premier temps, puis maman dix-huit mois plus tard car finalement, on n'allait pas perdre grand chose et surtout on allait gagner en disponibilité pour vous deux, on allait gagner en temps de joie, on allait gagner en temps d'amour.
Ces lundis et mercredis uniques et particuliers resteront ancrés longtemps, si ce n'est pour toujours.
Comment ne pas apprécier de savoir prendre du temps avec ses enfants, de se mettre dans sa bulle, d'ouvrir une parenthèse enchantée pour quelque temps.
Dans un peu plus de deux semaines, tu prendras trois ans.
Les lundis pour maman, les mercredis pour papa et toutes ces joies supplémentaires accordées par deux journées supplémentaires dans la semaine, avec toi, avec ton Titi, avec vous deux, seront terminés.
Cette façon de vivre, plutôt au ralenti, à contre-courant d'autres familles qui ont fait le choix de continuer à travailler complètement, sera terminé.
On va repartir comme avant, à plein temps, mais avec plein de beaux moments en tête.
On va repartir comme avant, bien plus haut les cœurs car on réalise à quel point ces trois années auront été particulières.
Le tout est de repartir car ça revient comme le vélo ces choses-là. La vie, c'est un tourbillon, il suffit de se remettre dedans et c'est reparti.
On retourne dans le tourbillon de la vie mais bien conscients qu'il faut savoir le stopper un peu de temps en temps pour profiter et vivre.
Ma toute petite, j'ai compris au moins ça tu sais, de prendre le temps, de temps en temps, de m'arrêter. De m'arrêter rien que pour vous.
Ma toute petite, tu as grandi, maman aussi et ce cœur de maman aussi.